par Francesco Guarascio

BRUXELLES, 13 mars (Reuters) - AstraZeneca ne pourra tenir son nouvel objectif de livraison de 30 millions de doses de son vaccin contre le COVID-19 à l'Union européenne d'ici fin mars qu'à la condition qu'une usine aux Pays-Bas soit homologuée par l'UE, montre un document interne que Reuters a pu consulter.

Le groupe pharmaceutique anglo-suédois a annoncé vendredi soir qu'il ne visait plus désormais que 30 millions de doses livrées à l'UE d'ici fin mars alors que le contrat signé avec l'UE en prévoyait 90 millions et qu'il en évoquait 40 millions le mois dernier.

Cet objectif revu en baisse dépend toutefois de l'issue du processus d'homologation du site de production de Leyde, aux Pays-Bas, exploité par un sous-traitant, Halix, explique le document interne daté du 10 mars.

Sans le feu vert des autorités européennes, que le groupe attend le 25 mars selon le document, la livraison de près de dix millions de doses prévue au cours de la semaine du 29 mars pourrait être compromise, ajoute-t-il.

Il est impossible pour l'instant de déterminer si un report de l'homologation aurait des conséquences sur les livraisons à l'UE prévues au deuxième trimestre.

L'Agence européenne des médicaments (EMA) a confirmé dans un communiqué que le site d'Halix n'avait pas encore été homologué et elle s'est refusée à tout commentaire sur la date à laquelle la décision pourrait être prise. Un responsable européen informé du processus de décision de l'EMA a déclaré à Reuters que ce feu vert "pourrait peut-être" intervenir fin mars.

DES OBJECTIFS TRÈS ÉLOIGNÉS DES ENGAGEMENTS INITIAUX

Un porte-parole d'AstraZeneca s'est refusé à tout commentaire sur l'homologation du site comme sur sa production et sa capacité de stockage. Halix a refusé de s'exprimer sur le processus d'homologation.

Le site d'Halix est l'un des quatre cités dans le contrat conclu en août dernier entre AstraZeneca et l'UE mais un seul d'entre eux, en Belgique, a produit effectivement des doses de vaccin destinées à l'Union pour l'instant, selon des responsables de l'UE.

Dans son communiqué de vendredi soir, AstraZeneca dit qu'il "vise" des livraisons de 70 millions de doses à l'UE sur la période avril-juin, un volume très éloigné des 180 millions de doses prévues au contrat, qu'AstraZeneca évoquait encore fin février.

Le laboratoire explique que des restrictions à l'exportation l'ont empêché d'augmenter ses livraisons à l'UE depuis des sites de production non-européens pour compenser les problèmes d'approvisionnement rencontrés en Europe.

Au total, il prévoit désormais d'avoir expédié 100 millions de dose à l'UE seulement d'ici la fin juin, alors que le contrat d'août en prévoyait 300 millions sur la période décembre-juin.

Les annonces d'AstraZeneca sont de plus en plus vivement critiquées par des responsables de l'UE ou de certains Etats membres.

"Les engagements pris doivent être tenus: la responsabilité de l'entreprise, de ses dirigeants et ses administrateurs est engagée", a ainsi déclaré samedi sur Twitter Agnès Pannier-Runacher, la ministre déléguée française chargée de l'Industrie.

(Avec Toby Sterling à Amsterdam, version française Marc Angrand)