par Carmel Crimmins

Cédant aux pressions politiques, le ministre des Finances, Brian Lenihan, a contraint la direction d'Anglo Irish à renoncer à son projet de transformation de l'établissement en spécialiste du crédit aux entreprises une fois transférés à la "bad bank" publique créée par Dublin quelque 36 milliards d'euros de prêts immobiliers.

Ces prêts seront donc finalement cantonnés dans une structure spécifique tandis que les dépôts d'Anglo Irish Bank seront gérés par un nouvel établissement public qui n'aura aucune activité de crédit.

La facture finale de l'opération ne sera connue qu'en octobre, lorsque la banque centrale rendra publics les besoins en capitaux de la nouvelle structure.

La perspective de connaître enfin le coût global et définitif du renflouement public d'Anglo Irish Bank, qui a déjà valu à Dublin d'afficher le pire déficit budgétaire de l'Union l'an dernier, a apporté un soulagement relatif aux investisseurs: les écarts de rendements entre emprunts irlandais et allemands ont légèrement diminué. Mais certains analystes se disent déçus par le manque de précision des annonces de mercredi.

"Certes, on nous dit quel chemin ils vont prendre, mais je ne crois pas que cela clarifie le montant que devra débourser le Trésor, or c'est ce qui préoccupe le marché", a expliqué Alan McQaid, chef économiste de Bloxham Stockbrokers.

"Je ne crois pas que le marché penche d'un côté ou de l'autre, pour une solution 'good bank/bad bank' ou pour un démantèlement: le problème est de savoir combien cela coûtera."

La prime exigée par les investisseurs pour détenir des emprunts à 10 ans irlandais plutôt que des allemands a diminué d'un peu plus de deux points de base, revenant autour de 380 points après l'annonce du nouveau plan, soit neuf points en dessous du plus haut depuis la création de l'euro atteint mardi.

Les cours des actions des deux principales banques cotées irlandaises ont parallèlement peu réagi: à quelques minutes de la clôture, Bank of Ireland cédait près de 3% et Allied Irish Banks abandonnait 0,13%.

L'hypothèse d'une poursuite des activités de crédit d'Anglo Irish Bank aurait été impopulaire auprès d'électeurs déjà irrités par les 25 milliards d'euros d'argent public apportés à la banque depuis le début de la crise en 2008, alors que le budget 2011 devrait être caractérisé par une nouvelle vague de hausses d'impôts et de taxes ainsi que de coupes dans les dépenses publiques.

Marc Angrand pour le service français, édité par Jean-Michel Bélot