« Nous savions que le premier trimestre 2018 serait horrible et il l’a été ». Ainsi, débute la note de recherche de Jefferies consacrée à Airbus aujourd’hui. Il faut dire que le groupe aéronautique a publié des indicateurs financiers bien ternes par rapport au premier trimestre 2017, pénalisés par les retards de livraisons de moteurs pour l’A320neo.

Toutefois, si cette publication s'avérait sanctionnée ce matin en Bourse, les investisseurs ont changé leur fusil d'épaule : la valeur progresse de 0,6% à 96,04 euros désormais. Deutsche Bank avait prévenu le 12 avril dernier que les résultats du groupe aéronautique - faibles à priori - ne seront pas représentatifs des performances de l'ensemble de l'année, il ne fallait donc en tirer aucune conclusion définitive.

Dans le détail Airbus a enregistré au premier trimestre un bénéfice net de 283 millions d'euros sur son premier trimestre 2018, en recul de 31%. Le résultat opérationnel (Ebit) ajusté ressort à 14 millions d'euros, contre -19 millions d'euros, un an plus tôt.

Si ces performances font bien pâle figure par rapport aux résultats trimestriels en forte hausse de l'américain Boeing (2,48 milliards de dollars), elles n'en ressortent pas moins au-dessus des attentes du consensus Reuters ( -101 millions d'euros pour le résultat net et -23 millions d'euros pour l'Ebit ajusté).

Pour sa part, le chiffre d'affaires du constructeur aéronautique a reculé de 12% à 10,119 milliards d'euros, c'est-à-dire légèrement au-dessous des attentes du marché ( 10,209 milliards).

Ce repli de l'activité et des résultats reflètent essentiellement la faiblesse des livraisons d'avions commerciaux et d'hélicoptères. De fait, Airbus a livré au total 121 avions commerciaux contre 136 avions, un an auparavant.

" La performance du premier trimestre reflète le manque de disponibilité des moteurs pour l'A320neo et l'accélération en fin d'année des livraisons d'avions, comme nous l'avions indiqué lors de la publication des résultats annuels. Les résultats financiers le montrent clairement ", a commenté Tom Enders, le Président exécutif (CEO) d'Airbus.

Compte tenu de l'évaluation actuelle du programme, Airbus a décidé de réduire les livraisons d'A330 à 50 par an environ en 2019. Le programme A350 continue, lui, de s'accélérer et devrait atteindre la cible des 10 livraisons mensuelles d'ici la fin de l'année.

Concernant ses perspectives 2018, le constructeur aéronautique a confirmé ses objectifs. Airbus prévoit de livrer environ 800 avions commerciaux (sous réserve que les motoristes respectent leurs engagements), mais également une hausse de l'Ebit ajusté d'environ 20% et un flux de trésorerie disponible stable par rapport à 2017 (2,949 milliards).

Des objectifs qui seront confrontés à des multiples obstacles, qu'il s'agisse des tensions commerciales et géopolitiques entre la Chine et les Etats-Unis, du programme A400M ou encore des investigations en cours pour corruption.