PARIS (Reuters) - Le gouvernement français a présenté mercredi un budget pour 2024 marqué par la volonté de maîtriser les finances publiques tout en protégeant le pouvoir d'achat des ménages face à une inflation persistante.

"Le premier défi est évidemment de répondre à la crise inflationniste la plus grave depuis les années 1970 et qui frappe tous les pays developpés sans exception", a indiqué le ministre de l'Economie et des Finances, Bruno Le Maire, aux journalistes.

"Le deuxième défi est de désendetter le pays et de réduire le déficit".

Le nouveau budget mobilisera au total près de 25 milliards d'euros pour indexer sur l'inflation les prestations sociales, les retraites et le barème de l'impôt sur le revenu.

Pour freiner l'endettement public, qui a explosé durant la pandémie de COVID-19, l'exécutif prévoit plus de 16 milliards d'euros d'économies dans son budget 2024, dont 10 milliards sont liés à la fin du bouclier tarifaire sur le gaz et l'électricité.

Un effort nécessaire pour respecter la trajectoire budgétaire fixée par le gouvernement pour 2027, date à laquelle il espère avoir ramené le déficit public à 2,7% du produit intérieur brut (PIB).

Pour 2023, le déficit est attendu à 4,9% et il devrait baisser à 4,4% l'an prochain sous le double effet des économies et de la hausse prévue des recettes de l'Etat.

Un effort a notamment été demandé aux entreprises avec le report acté de la suppression de la cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises (CVAE) à 2027, une mesure promise initialement pour l'an prochain.

VERDISSEMENT DE L'ÉCONOMIE

Plusieurs mesures fiscales, destinées à "verdir" l'économie, figurent également dans le budget 2024.

Ainsi, l'avantage fiscal sur le gazole non routier (GNR) utilisé par les agriculteurs et les entreprises de travaux publics sera progressivement réduit.

Le gouvernement a annoncé aussi la création d'une taxe sur les grandes concessions autoroutières et les principaux aéroports dont le rendement annuel devrait atteindre 600 millions d'euros.

Un temps envisagé, le projet d'une taxe directe sur les billets d'avion a été abandonné.

Au total, le gouvernement prévoit 40 milliards d'euros de dépenses favorables à l'environnement en 2024.

Le projet de budget n'inclut pas une suppression de la niche fiscale pour les appartements meublés touristiques, un temps évoquée et qui aurait touché notamment AirBnB. Une source au sein du ministère des Finances a néanmoins indiqué qu'elle pourrait être ajoutée dans le texte par les parlementaires.

Le projet de loi de finances (PLF), dans lequel s'inscrit le budget pour 2024, et celui de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) seront examinés à partir d'octobre à l'Assemblée nationale puis au Sénat.

L'exécutif, qui ne dispose pas de la majorité absolue au palais Bourbon, pourrait devoir recourir à l'article 49.3 de la Constitution pour faire adopter les textes.

Un premier test pour le gouvernement aura lieu dès ce mercredi lors d'une session extraordinaire à l'Assemblée nationale : le projet de loi de programmation des finances publiques (LPFP) pour la période 2023-2027, qui avait été retoqué à l'automne dernier, sera examiné à nouveau à partir de 21h30 par les députés.

(Reportage Leigh Thomas et Blandine Hénault, édité par Kate Entringer)