La plus grande compagnie aérienne du Canada a déclaré qu'après de récentes discussions avec la Commission européenne (CE), il était devenu évident que la CE n'approuverait pas l'acquisition sur la base de l'ensemble des mesures correctives proposées par le transporteur plus tôt cette année.

L'homme d'affaires québécois Pierre Karl Péladeau a déclaré vendredi que son offre de décembre pour Transat était toujours disponible.

Air Canada, dont le siège est à Montréal, a déclaré avoir proposé "un ensemble important de mesures correctives" pour répondre aux préoccupations de la CE en matière de concurrence.

"Air Canada a conclu que le fait d'offrir des mesures correctives supplémentaires et onéreuses, qui pourraient ne pas obtenir l'approbation de la CE, compromettrait considérablement sa capacité à faire face à la concurrence internationale et à se remettre des effets de la pandémie sur le transport aérien, a déclaré la compagnie aérienne dans un communiqué.

En février, Air Canada a refusé de repousser l'échéance de son accord de 188,7 millions de dollars canadiens (150,19 millions de dollars) pour Transat, après que les régulateurs européens n'ont pas donné leur feu vert au rachat.

Les deux sociétés s'étaient entendues en juin 2019 sur l'acquisition, dont les conditions ont ensuite été modifiées en août 2019, puis révisées en octobre 2020 en raison de l'impact économique sévère de la pandémie de COVID-19.

La responsable antitrust de l'UE, Margrethe Vestager, a déclaré qu'Air Canada avait proposé des concessions insuffisantes pour répondre aux problèmes de concurrence.

"Alors que l'épidémie de coronavirus a fortement touché le secteur du transport aérien, la préservation de structures de marché concurrentielles est essentielle pour que la reprise puisse être rapide et forte", a-t-elle déclaré dans un communiqué.

"L'opération envisagée poserait des problèmes de concurrence sur un grand nombre de liaisons transatlantiques. Sur la base des résultats de la consultation des acteurs du marché, les mesures correctives proposées sont apparues insuffisantes."

Le gouvernement canadien a déclaré que la protection des emplois chez Transat et la préservation de la viabilité à long terme de la compagnie, également basée à Montréal, sont les choses les plus importantes pour le gouvernement.

Le ministre des Transports, Omar Alghabra, a déclaré dans un communiqué qu'il avait parlé avec Transat et que les deux parties "examinaient les prochaines étapes".

Les compagnies aériennes sont en pourparlers avec le gouvernement fédéral depuis novembre au sujet d'un éventuel programme d'aide, sans succès jusqu'à présent.

Le ministre de l'Économie du Québec, Pierre Fitzgibbon, a également déclaré que le gouvernement provincial "ne laissera pas Transat sans soutien".

Le chef de la direction de Québecor Inc., M. Péladeau, a déclaré qu'il avait proposé une nouvelle offre pour Transat en décembre et que celle-ci était toujours disponible. M. Péladeau, qui a déjà tenté d'acquérir Transat à titre personnel en tant qu'homme d'affaires, a déclaré que son offre permettrait au voyagiste de rester indépendant et compétitif.

"Cette proposition est toujours valable et comportait certaines conditions que M. Péladeau souhaite lever rapidement afin de mettre fin à l'incertitude dans laquelle l'entreprise s'est trouvée pendant plusieurs mois", indique le communiqué.

Un porte-parole de Transat a déclaré que la priorité de la compagnie aérienne était d'assurer son financement et son plan de redressement.

"Nous allons également examiner toutes nos options, y compris la poursuite du plan d'affaires de la société et la proposition de M. Péladeau", a déclaré Christophe Hennebelle dans un communiqué envoyé par courriel.

Transat a déclaré avoir besoin d'un nouveau financement d'au moins 500 millions de dollars canadiens en 2021. Elle dispose également d'une facilité de crédit subordonnée à court terme de 250 millions de dollars canadiens qui arrive à échéance le 30 juin.

Le voyagiste a déclaré être à un "stade avancé" des discussions sur le soutien du gouvernement fédéral au secteur aérien et sur l'accès au soutien d'Ottawa pour les entreprises touchées par la pandémie.

Le premier ministre du Québec, François Legault, qui a cofondé Transat en 1986, a déclaré en février que la province envisageait différents scénarios pour Transat, avec ou sans Air Canada.

Air Canada a accepté de verser à Transat une indemnité de rupture de 12,5 millions de dollars canadiens.

(1 $ = 1,2564 dollar canadien)