Londres (awp/afp) - Le gendarme britannique de la concurrence (CMA) a indiqué vendredi qu'il s'inquiète du rachat, annoncé en septembre, de la plateforme de design collaboratif Figma par Adobe pour 20 milliards de dollars, estimant que cette opération "pourrait réduire l'innovation".

La CMA, qui envisage une enquête approfondie, estime que la concurrence entre les deux entreprises américaines "a stimulé les investissements" dans le développement de logiciels proposant des outils de création d'interfaces graphiques, et que "cette importante rivalité pourrait être perdue si l'accord se concrétise".

Le régulateur, qui pourrait à terme décider de bloquer l'opération, se dit aussi inquiet dans le domaine "de la conception créative" d'images, vidéos ou animations, où Adobe est un leader mais où Figma "est une menace concurrentielle émergente". La CMA estime là aussi que leur rivalité est importante pour l'innovation.

En dix ans seulement, Figma, qui compte aujourd'hui environ 850 employés, s'est imposé comme outil de référence dans de très nombreuses entreprises, notamment plusieurs des mastodontes de la technologie, au point de concurrencer des sociétés établies comme Adobe.

Au bout du compte, le rachat "pourrait entraîner des coûts plus élevés" et un moindre choix pour les entreprises britanniques, poursuit la CMA, qui donne cinq jours ouvrables à Adobe pour répondre à ses inquiétudes, faute de quoi elle ouvrira une enquête approfondie.

La CMA a fait couler beaucoup d'encre en mettant son veto fin avril à une autre grosse fusion d'entreprises américaines: le rachat de l'éditeur américain de jeux vidéo Activision Blizzard par Microsoft pour 69 milliards de dollars.

Cette décision, qui fait l'objet d'un procès en appel qui s'ouvre fin juillet, avait conduit un dirigeant de Microsoft à tacler les ambitions de Londres d'être un champion post-Brexit de la tech, affirmant que "l'Union européenne est un endroit plus attractif pour créer une entreprise".

La Commission européenne a approuvé le mois dernier ce rachat par Microsoft, qui ferait du géant de l'informatique le troisième acteur mondial du secteur, mais un juge américain a ordonné mi-juin à l'entreprise de ne pas finaliser l'opération tant que la justice n'aura pas tranché sur un recours de l'autorité américaine de la concurrence, la FTC.

afp/rp