Zurich (awp) - Le conglomérat industriel ABB est parvenu l'an dernier à maintenir sa rentabilité opérationnelle, en dépit d'un tassement de ses ventes. Le quatrième trimestre s'est avéré marginalement plus robuste qu'escompté par les marchés en termes de ventes et d'entrées de commandes, mais moindre en termes de rentabilité. Ce grand écart ouvrait la porte à des interprétations et appréciations contrastées des analystes.

Le chiffre d'affaires s'est érodé de 5% à 35,48 mrd USD et les entrées de commandes de 8% à 33,38 mrd USD. L'excédent d'exploitation (Ebita) s'est avéré stable de 4,19 mrd USD. Le bénéfice net a grappillé 2% à 1,96 mrd USD. Le conseil d'administration proposera un dividende de 0,76 CHF par action, contre 0,74 CHF au titre de 2015.

Sur le seul dernier partiel, les revenus se sont érodés de 3% en comparaison annuelle à 8,99 mrd USD et les entrées de commandes ont stagné à 8,28 mrd. L'Ebita a reculé de 4% à 1,06 mrd mais le bénéfice net a été multiplié par plus de deux à 489 mio USD. A périmètre et taux de change constants, le chiffre d'affaires affiche un modeste rebond de 1%.

Les analystes consultés par AWP anticipaient un moyenne un chiffre d'affaires trimestriel de 8,90 mrd USD, des entrées de commandes pour 8,11 mrd, un Ebita de 1,08 mrd et un bénéfice net de 569 mio. La rémunération des actionnaires était attendue un petit centime au dessus de la proposition de l'organe de surveillance.

POWER GRIDS OFFRE DE LA RÉSISTANCE

Première division du géant des techniques énergétiques et d'automation, Power Grids (réseaux électriques) a vu ses ventes baisser de 2% à 3,04 mrd USD en fin d'année. Les entrées de commandes en revanche ont bondi de 10% à 2,88 mrd USD, grâce notamment à une offre de plus d'un demi milliard de dollars en Inde. Les revenus de Electrification Products (produits d'électrification) ont stagné à 2,46 mrd USD et les entrées de commandes ont fondu de 8% à 2,16 mrd USD.

Discrete Automation and Motion (Automation discrète et entraînement) a accusé une baisse de recettes de 3% à 2,21 mrd USD, mais les nouvelles commandes ont grignoté 1% à 2,01 mrd USD. Process Automation (Processus d'automation) a essuyé une chute de 10% de son chiffre d'affaires et de 15% de ses entrées de commandes, à respectivement 1,74 mrd et 1,52 mrd USD.

La direction ne fournit toujours pas de prévisions chiffrées à court terme, préférant mettre en avant les nombreuses incertitudes qui jalonneront l'exercice en cours. La confiance semble de mise pour les Etats-Unis et la Chine, mais la perspective d'un Brexit et les tensions géopolitiques à travers le monde suscitent des inquiétudes.

ABB assure être en mesure de finaliser dans les temps son programme de réduction des coûts de 1,3 mrd USD d'ici la fin de l'année. Les frais afférents ont été revus à la baisse de 200 mio USD.

APPRÉCIATIONS DIVERSES

La direction a biffé de ses projections à court-terme toute mention préventive sur le marché chinois, relève UBS. La banque aux trois clés souligne toutefois que l'évolution du cours ces derniers temps bride le potentiel de réaction de l'action à des résultats dans l'ensemble conforme aux prévisions, bien que les marges soient restées maigres.

Natixis s'appuie également sur la prime - injustifiée - avec laquelle s'échange le titre pour plafonner ses prévisions. L'établissement n'attend pas d'embellie avant une reprise des investissements sur les marchés clés pour ABB que constituent les hydrocarbures, les mines ou encore les utilitaires, soit au mieux en 2018.

ABB présente une belle qualité d'exécution, mais doit se battre contre des conditions défavorables sur de nombreux fronts, résume pour sa part Vontobel. Ces turbulences semblent toutefois laisser progressivement place à un vent de poupe, susceptible de doper la rentabilité en dépit des déclarations prudentes de la direction. Le recul des entrées de commandes risque de laisser des traces sur les revenus du groupe au premier semestre, prévient la banque zurichoise.

Morgan Stanley estime que les attentes du marché en termes de rentabilité sur l'année en cours sont trop modestes. Le mastodonte américain salue le retour inattendu du groupe à la croissance sur le dernier partiel de l'an dernier, à périmètre et taux de change constants. Les entrées de commandes constituent également une bonne surprise.

Jefferies au contraire dépeint une croissance anémique, qui risque de peser à hauteur de 5 à 10% sur le cours du titre, d'autant que la prime pour l'ensemble du secteur tend à s'éroder.

Les investisseurs semblaient avoir fait leur choix, sanctionnant le titre. A 10h20, la nominative ABB cédait 2,4% à 22,76 CHF, à contre-courant et en dernière position d'un SMI en hausse marginale de 0,08%.

jh/lk/fr