Le directeur général de Credit Suisse s'est employé jeudi à rejeter les arguments du fonds activiste RBR Capital Advisors, qui voudrait voir la banque suisse être scindée en trois entités, estimant que les solides résultats trimestriels validaient son modèle d'intégration.

RBR Capital Advisors a lancé une campagne en faveur d'un éclatement du groupe en trois entités distinctes après avoir pris une participation de 0,2% au capital de la deuxième banque suisse, dans l'objectif de doper son cours de Bourse.

Il prône la création d'une banque d'investissement, d'une société de gestion d'actifs et d'une troisième entité en charge de la gestion de fortune, où seraient aussi logées les activités de banque de dépôt et de banque commerciale.

Le directeur général Tidjane Thiam a répondu aux critiques du fonds après l'annonce d'une hausse quasiment multipliée par six du bénéfice net de la banque au troisième trimestre par rapport à la même période d'il y a un an.

"Notre modèle intégré se revèle plus attrayant pour nos clients", a-t-il dit lors d'une conférence téléphonique avec les analystes financiers.

"Les revenus générés par les clients stratégiques, les grands entrepreneurs extrêmement fortunés ont progressé de 30%. Et 40% de nos clients sont multi-produits."

Tidjane Thiam a dit prévoir de rencontrer Rudolf Bohli, le directeur de RBR, la semaine prochaine. Le fonds, qui a déjà investi 100 millions de francs dans l'établissement, entend accroître sa participation dans Credit Suisse et lui consacrer encore dans les 900 millions de francs suisses (776 millions d'euros).

La banque a annoncé la troisième hausse trimestrielle d'affilée de son bénéfice, une première depuis que son directeur général Tidjane Thiam en a pris la tête en juillet 2015. Elle entre dans la deuxième moitié d'un plan stratégique de trois ans qui donne la priorité à la gestion de fortune.

Après avoir subi une perte nette totale de 6,56 milliards de francs (5,63 milliards d'euros) sur l'ensemble de 2016 et de 2015, le deuxième groupe bancaire helvétique a fait état d'un bénéfice net part de groupe de 244 millions de francs suisses au troisième trimestre.

LA ROUTE EST ENCORE LONGUE

Ce résultat est inférieur aux anticipations des analystes qui tablaient sur 264 millions de francs, selon le consensus Reuters, mais est supérieur à celui de la banque, qui prévoyait un bénéfice net de 184 millions de francs.

"La banque prouve (...) qu'elle est sur la bonne voie, bien que le rythme de son amélioration ralentit quelque peu", commentent des analystes de Mirabaud Securities.

Malgré ce bénéfice en hausse, Credit Suisse ne parvient pas encore à délivrer le niveau de rendement que les investisseurs attendent d'un établissement de cette taille. A titre de comparaison, son concurrent UBS a publié un bénéfice net trimestriel de 946 millions de francs.

Le ratio de fonds propres CET 1 a baissé à 13,2% au troisième trimestre, contre 13,3% au deuxième.

L'apport de capitaux nets s'est établi à 10,4 milliards de francs, en hausse de 8% par rapport au troisième trimestre 2016.

Le bénéfice imposable de la division trading, qui a perdu des milliards de dollars au cours des deux dernières années, est ressorti à 73 millions de dollars, contre 92 millions de dollars un an plus tôt.

Les revenus tirés des activités de taux fixe ont reculé de 8% par rapport à il y a un an. Les concurrents américains de Credit Suisse ont vu leur revenu FICC (obligations, changes, matières premières) chuter de 22% sur le même trimestre.

Le titre prend 4,41% à 16,33 francs vers 12h10 GMT en Bourse de Zurich, parmi les plus fortes hausses de l'indice des valeurs européennes Stoxx 600, qui perd pour sa part 0,35%.

(Joshua Franklin; Catherine Mallebay-Vacqueur pour le service français, édité par Benoît van Overstraeten)

par Joshua Franklin