Le patron d’Onexim, à la tête du parti politique Juste Cause depuis fin juin (lire article : Mikhail Prokhorov confirme ses ambitions dans la politique), a lancé un pavé dans la mare en déclarant le 11 août dernier au cours d’une conférence de presse : « La Russie devrait franchir une étape stratégique définitive dans son rapprochement avec l’Europe et entrer dans l’espace Schengen et dans la zone euro ».

Mais la riposte venue du gouvernement ne s’est guère faite attendre, pour Igor Chouvalov, le Premier vice-Premier ministre russe, cette adhésion serait « une impasse » qui mènerait à « un abandon par la Russie de ses positions politiques et de sa souveraineté ». Il faut dire que le rouble, né au XIIIéme à Novgorod en même temps que le premier état russe, reste un symbole de la Russie éternelle, ayant été la monnaie des tsars, de l’URSS et jusqu’à l’actuelle fédération.

« La déclaration de Prokhorov montre que c’est un grand entrepreneur qui ne défend pas les intérêts nationaux mais ceux des multinationales qui souhaitent de plus en plus exercer une influence sur l’Etat » a même rajouté Igor Chouvalov à la radio Echo de Moscou.

Une Europe allant de Lisbonne à Vladivostok
Mais pour Mikhail Prokhorov, la création « d’une grande Europe de Lisbonne à Vladivostok » aidera « certains pays européens à éviter la faillite », d’autant que la Russie, avec son territoire immense, pourrait accueillir « nombre d’entreprises » selon lui. Une déclaration plutôt fracassante pour celui qui débute seulement en politique à la tête d’un parti crée en février 2009, suite au regroupement de Pouvoir Civil, de l'Union des forces de droite et du Parti démocratique de Russie. Cette dernière formation avait d'ailleurs proposé en juin 2007 la tenue d'un référendum pour approuver l'entrée de la Russie dans l'Union Européenne.

A présent, notre baron a affiché clairement son ambition d’entrer au Parlement russe en défendant ses positions libérales à l’occasion du prochain scrutin de décembre. Sa candidature a été approuvée par le président Medvedev en personne mais selon certains observateurs, celle-ci ne serait qu’un moyen pour le pouvoir de s’emparer d’une certaine frange de l’électorat russe.

Dans tous les cas, Mikhail Prokhorov semble plus déterminé que jamais à s’imposer dans le débat politique de son pays, peut-être en jouant un peu trop les trouble-fêtes au goût du pouvoir en place…