Une capitalisation qui risque de fondre de moitié
Lors de la dernière conférence « Super Return » des fonds d'investissement, à Miami, Guy Hands semblait pour le moins morose. Le fondateur du fonds britannique Terra Firma Capital Partners voit de lourds nuages à l'horizon : les fonds d'investissement vont gagner moins d'argent et nombreux sont ceux qui auront disparu dans les prochaines années.

« La vie va devenir plus dure et moins gratifiante financièrement (...) les fonds d'investissement vont devenir plus "gentils" et seront de plus humbles représentants de l'espèce humaine », confiait-il à ses interlocuteurs. Selon lui, les capitaux placés dans les fonds d'investissement devraient fondre de 50% dans les deux à trois prochaines années et leurs actifs plongeront dans le même temps de 25 à 30%.

Terra Firma devient « EMI-plégique »
Il faut bien dire que Guy Hands a de quoi broyer du noir. Mi-mars, il devait se résoudre à démissionner du poste de Pdg de la société de LBO qu'il a fondée, demeurant toutefois directeur des investissements. Deux semaines plus tôt, Terra Firma avait dû annoncer une perte de 1,39 milliard d'euros sur 2008.

L'essentiel de ce déficit est lié à la dépréciation de la moitié des 2,6 milliards d'euros investis par le fonds dans l'éditeur musical britannique EMI, qui voit ses ventes s'effriter à cause du piratage de ses disques sur le net. L'action de Guy Hands à la tête d'EMI avait été particulièrement discutée par les artistes, certains appréciant peu sa politique de réduction de coûts et d'effectifs.

Signe des temps, c'est Tim Pryce, ancien directeur juridique de Terra Firma, qui a remplacé Guy Hands à la tête du fonds.

Frilosité bancaire
Selon Guy Hands, les sociétés de LBO sont très atteintes par le durcissement des conditions de crédits. « Pour réunir quelques centaines de millions, vous êtes désormais obligés de discuter au moins avec 10 banques » explique-t-il.

Illustrant son propos, le fonds LBO Kohlberg Kravis Roberts & Co a dû se tourner vers ses actionnaires pour leur demander 730 millions d'euros afin de consolider plusieurs des entreprises dans lesquelles il a investi. Une opération douloureuse : « C'est toujours très difficile pour une firme de revenir vers ses investisseurs pour leur demander plus d'argent », conclut Guy Hands.