Guy Hands a déposé une plainte à l'encontre de Citigroup devant un tribunal américain. L'homme d'affaires britannique ne demande pas la lune mais, tout de même... 2 milliards de livres sterlings de dédommagement !

L'homme estime que Citigroup lui a délibérément menti lorsque son fonds d'investissement, Terra Firma, a repris la major EMI en 2007. Selon Guy Hands, Citi aurait affirmé que d'autres acquéreurs potentiels étaient sur le coup, juste pour faire monter un peu les enchères.

Mais les récriminations du jeune migrant - Guy Hands vient de quitter l'Angleterre et rejoindre Guernesey pour des raisons fiscales - ne s'arrêtent pas là. Il met directement en cause le premier des « Grand Sorcier » de Citi, le très respecté analyste David Wormsley. Le patron de Terra Firma affirme que Wormsley déploie toute son énergie à pousser EMI au bord de la faillite, pour favoriser une reprise du bastion anglais par l'américain Warner Music.

Dans une note récente, Wormsley a effectivement déclaré qu'EMI ne pourrait pas rester longtemps dans une situation aussi précaire : « sans de nouvelles facilités financières de la part des banques, Terra Firma sera obligé d'accueillir un nouveau partenaire dans le capital (...) et si la fusion ne se fait pas, les risques d'insolvabilité pourraient croître sensiblement pour EMI ».

Il est censé exister une « Muraille de Chine » entre les analyses des experts financiers et les opérations financières d'une banque. Mais en l'espèce, nous arrivons aux limites du genre.

Juge et partie
Car Citigroup est largement partie prenant dans l'affaire EMI. La banque fut en effet l'unique créancière de Terra Firma - et par voie de conséquence d'EMI - au moment du rachat du label, avec une ligne de crédit de 2,5 milliards de livres.

Pour Guy hands, cela ne fait plus de mystère, la reprise d'EMI a été coûteuse et douloureuse. L'homme a avoué récemment que l'opération avait été "une erreur". Dans une situation financière exsangue, EMI avait subi un plan de restructuration drastique de la part du financier.

Échaudé par la thérapie de choc imposée par le nouveau boss, plusieurs grands noms du rock et de la pop - Radiohead ou les Rolling Stones entre autres - ont préféré quitter le navire. Et là-dessus, la montée du piratage sur Internet n'a rien fait pour améliorer les choses.

Wormsley et Citigroup démentent formellement les accusations et affirment haut et fort que leurs analyses ne reposent que sur l'observation des faits les plus saillants de l'activité économique d'EMI.

Désormais, la balle est dans le camp des tribunaux pour trancher cette question éminemment sensible sur le mélange des genres entre analystes financiers et banques d'affaires.