En trente années de carrière, Guy Hands a commis peu d'erreur. Pourtant - sans aucun doute et de l'aveu même de l'intéressé - l'acquisition du label EMI par son fonds Terra Firma est un échec.

Les investisseurs de deux fonds de Terra Firma vont devoir supporter une charge de 1,35 milliard de livres, liée exclusivement aux déboires d'EMI. Et Terra Firma a dû inscrire à son bilan une dépréciation d'actifs représentant près de 90% du montant de l'investissement du fonds dans EMI, acquis en 2007 pour 4 milliards de livres.

Pourtant, l'homme ne s'avoue pas vaincu. Il a récemment assigné en justice Citibank, accusée de lui avoir fournir des informations trompeuses sur le groupe lors du rachat, notamment sur la présence d'un autre candidat hypothétique au rachat.

L'action en justice a suivi une tentative de Guy Hands pour amener Citibank à passer l'éponge sur un milliard de dettes d'EMI, en échange de nouveaux investissements de Terra Firma dans le groupe musical.

La banque dément totalement les accusations portées à son encontre mais, quelles que soient ses dénégations, Citigroup se trouve aujourd'hui dans l'impasse. En effet, la crise financière empêche la banque de "titriser" ses créances EMI et Citibank n'a d'autre choix que de transiger avec Hands.

Un clin d'œil de l'histoire, si l'on peut dire, puisque la titrisation de créances délicates sur les marchés sécurisés est une technique quasiment inventée par Guy Hands, du temps ou il émargeait dans la banque nippone Nomura.

Un appétit intact
Véritable boulimique de travail, Guy Hands n'est pas homme à courber l'échine pour si peu. Malgré la mésaventure EMI, Terra Firma n'a cessé d'investir en 2009, avec 500 millions de livres placées dans la société agricole australienne Consolated Pastoral ou dans le spécialiste de l'énergie renouvelable Enerpower and Novera.

Connu pour son tempérament fougueux et sanguin, il y a fort à parier que Guy Hands ne lâchera pas EMI sans combattre.

Une anecdote circule pour illustrer la furieuse ténacité de l'ami Guy. Au début des années 1980, alors qu'il étudiait à Oxford, il fut embauché avec quelques uns de ses amis pour une journée de figuration sur le film Heaven's Gate de Michael Cimino. Mécontent du traitement réservé aux figurants, le jeune homme avait alors réussi, en une journée, à organiser une grève sur le tournage.