Guy Hands a choisi l'exil
Le patron de Terra Firma n'est pas parti bien loin de sa terre natale puisqu'il a élu domicile dans une somptueuse villa de Guernesey. Guernesey... son panorama sublime, son climat anglo-normand et, surtout, son taux d'impôt sur le revenu particulièrement moelleux et sa délicieuse exonération des gains engrangés sur le capital... De quoi faire bondir de joie même plus le plus "british" des patrons de fonds d'investissement.

Mais les choses ne sont pas si simples. Fuir le fisc est une attitude qui passe mal ces jours-ci. L'exil fiscal est en fait assez dérisoire et exceptionnelle, en tout cas, bien moins répandu que l'évasion fiscale des seules devises, qui représenterait selon l'OCDE 6 000 milliards de dollars dans le monde.

Mais alors que les plans sociaux se succèdent et que les contribuables ont beaucoup "contribué" au renflouement des banques, prendre la poudre d'escampette apparait aujourd'hui comme un crime de lèse-majesté.

Et les honorables juges de Sa Majesté, justement, viennent de rendre un verdict qui a soufflé un vent glacial sur l'échine des exilés.

Verdict surprise
Robert Gaines-Cooper, qui a passé la majeure partie de son temps dans les Seychelles, depuis son exil d'Angleterre en 1975, se voit demander de régler la note de l'arriéré fiscal qui en découle. Un jugement qui a surpris tous les observateurs, M. Gaines-Cooper ayant veillé à ne pas passer plus de 90 jours par an au Royaume-Uni, comme la loi l'exige.

On lui a reproché certaines de ses activités financières demeurées sur le sol britannique ainsi que la présence de sa femme et de son fils en Grande-Bretagne.

Du coup, l'affaire semble de moins en moins bien engagée pour Guy Hands. Certes, l'homme a bien promis qu'on ne le reverrait pas de sitôt sur la Tamise, mais même s'il reste à Guernesey, sa femme possède une grande propriété dans le Kent et dirige une affaire hôtelière basée en Grande-Bretagne.

Cerise sur le gâteau pour les gendarmes du fisc, trois de ses quatre enfants sont encore scolarisés au Royaume-Uni.

Une dangereuse politique fiscale
Le départ de Guy Hands était consécutif à une décision particulièrement polémique outre-manche : la remontée sensible du plafond du bouclier fiscal, à 50% du total des revenus.

Plusieurs autres hommes d'affaires ont exprimé leur réprobation et certains – comme Jon Moulton, cadre dans un fonds d'investissement cité par le New York Times (07/08) – menacent de partir si le taux maximum d'imposition augmente à nouveau.

Mais les pays industrialisés commencent à durcir le ton envers les « paradis fiscaux », une appellation que rejettent unanimement les responsables politiques de Guernesey. Ce ne serait qu'un État parmi d'autres, avec, seulement, une législation fiscale plus souple.

Tellement souple que Guernesey est aujourd'hui à la tête de quelque mille milliards de dollars de dépôts bancaires.