Mise à jour du 22/04/2010

Nouvel épisode dans l'affaire EMI : le fonds d'investissement Terra Firma doit trouver un montant plus élevé que prévu s'il veut garder le contrôle de "la maison de disque des Beatles". Si Guy Hands parvient à lever 360 millions de livres, le fonds sera en mesure de respecter les engagements liés à sa dette "pour les cinq prochaines années et non plus seulement pour l'année prochaine". (Les Echos.fr du 21/04/2010).

Il y a quelques semaines, Terra Firma annonce qu'elle doit lever 120 millions d'euros pour sauver la major du disque. Pour ce faire, EMI sollicite ses concurrents Universal et Sony et leur propose de leur "louer" son catalogue. Le projet consiste à céder une licence de diffusion de son catalogue musical pour une durée de cinq ans couvrant les Etats-Unis, le Canada et l'Amérique latine.

EMI espère alors signer un accord et lever 200 millions de livres afin de rembourser une partie de sa dette, qui s'élève à 3,2 milliards de livres. Mais les ultimes espoirs de liquidités s'envolent. Le Financial Times annonce ce 31 mars 2010 l'échec des négociations. Universal et Sony se retirent de la discussion et laissent leur petite rivale en difficulté seule. Bien seule.

Retour sur les difficultés d'EMI
Guy Hands crée le fonds d'investissement Terra Firma Capital Partners en 2002 et débute avec 2,7 milliards de dollars de fonds de private equity. Hands en fait immédiatement l'une des plus grandes sociétés d'investissement privées d'Europe.

En juillet 2007, Guy Hands s'offre la mythique major britannique, EMI, pour 4,2 milliards de livres sterling. La banque américaine Citigroup permet de financer l'opération et devient le principal bailleur de fonds de Terra Firma.

Huit mois plus tard, Guy Hands annonce un plan de licenciement drastique : entre 1 500 et 2 000 employés se voient remerciés. Les années défilent, et la crise de l'industrie musicale continue de pénaliser EMI qui voit ses ventes chuter lourdement.

Fin 2009, le patron d'EMI regrette ouvertement son acquisition et intente un procès à la banque américaine. Le fonds d'investissements canadien accuse Citigroup de tromperie lors de la transaction. Une procédure en justice est en cours. Le procès est prévu pour cet automne à New York.

Les litiges avec la maison de disques britannique dépassent la sphère financière. Les artistes, eux-mêmes, s'en prennent à EMI. Pink Floyd traine EMI en justice et exige de clarifier les termes du contrat signé en 1968. Nous sommes en 2010, et la vente de musique en ligne a totalement bouleversé l'industrie du disque. La Haute Cour de Londres a interdit, en mars, à EMI de vendre les morceaux du groupe Pink Floyd en téléchargement à l'unité. EMI est uniquement autorisée à commercialiser l'œuvre dans sa configuration originale, c'est-à-dire en album.