Aux termes de l'accord, les actionnaires de Shire recevront 30,33 dollars en numéraire et, au choix, 0,839 action nouvelle de Takeda ou 1,678 ADS du japonais pour chaque titre apporté, soit au total l'équivalent de 48,17 livres par action.

L'action Shire, qui se négociait à environ 10 livres en dessous de la valeur de l'offre de Takeda, prend 4,12% à 40,14 livres vers 9h40 GMT à la Bourse de Londres, deuxième meilleure performance de l'indice paneuropéen Stoxx 600 (-0,21%). Mais le titre est toujours bien en deçà du prix de l'offre, signe d'une certaine prudence des investisseurs.

L'opération, si elle était approuvée par les actionnaires, serait la plus importante acquisition jamais effectuée par une société japonaise à l'étranger. Elle propulserait Takeda, dirigé par le Français Christophe Weber, parmi les leaders mondiaux du secteur pharmaceutique.

Ce serait aussi l'une des plus importantes fusions réalisées dans le secteur pharmaceutique où les grands acteurs cherchent à améliorer leurs portefeuille de produits.

"Ensemble, nous serons un leader dans la fourniture de traitements ciblés en gastro-entérologie, en neurosciences, en oncologie, en maladies rares et en thérapies dérivées du plasma", a déclaré Christophe Weber.

Takeda avait jusqu'à ce 8 mai pour présenter une offre ferme sur Shire, ce dernier ayant rejeté à quatre reprises de précédentes approches en raison d'un différend sur le prix proposé et sur les modalités de l'offre, composée pour l'essentiel d'un échange d'actions.

La répartition de la nouvelle offre est d'environ 46% en numéraire et 54% en actions, et elle permettra aux actionnaires de Shire de détenir environ la moitié du nouveau groupe.

Pour les analystes de Jefferies, le cours de Bourse relativement de bas de Shire s'explique par la forte composante en actions et par le fait que l'opération ne devrait pas être finalisée avant le premier semestre 2019.

Devant la presse, Christophe Weber s'est déclaré confiant sur les chances de succès de l'opération qui doit obtenir le soutien de 75% des actionnaires votants de Shire malgré les réserves de certains d'entre eux qui ne veulent pas détenir de titres Takeda.

"Leur conseil d'administration et notre conseil d'administration sont convaincus que les actionnaires se rendront compte des bénéfices de l'acquisition", a-t-il déclaré.

CAP SUR L'INTERNATIONAL

Christophe Weber, qui est devenu en 2015 le premier patron étranger de Takeda, ne cachait pas son souhait de réaliser des acquisitions pour réduire l'exposition du groupe sur le marché pharmaceutique japonais, arrivé à maturité.

Le rachat de Shire s'apparente à un énorme pari financier pour Takeda, mais Christophe Weber pense qu'il va générer un cash flow substantiel, permettant au groupe élargi de rembourser rapidement sa dette.

Le groupe japonais a indiqué qu'il avait l'intention de maintenir sa note de crédit avec pour objectif d'atteindre à moyen terme un ratio dette nette/Ebitda de deux fois ou moins.

Takeda prévoit des synergies de coûts d'au moins 1,4 milliard de dollars.

Le nouvel ensemble, dont les effectifs réunis seront de 52.000, devrait supprimer de 6 à 7% des postes. Les deux groupes ont un certain nombre de doublons, notamment dans la vente, la recherche et la production, en particulier aux Etats-Unis, où ils ont tous les deux une forte présence à Boston.

D'après certains analystes, Takeda pourrait céder certains actifs de Shire pour faciliter la gestion du groupe, mais Christophe Weber a déclaré que la gastro-entérologie, les neurosciences, l'oncologie, les maladies rares et les produits sanguins étaient tous des segments importants à conserver.

Le groupe pourrait cependant saisir des opportunités pour se départir de certains médicaments en dehors de ces segments.

"Il y a 25% (du portefeuille) qui sont des produits plus isolés. Certains se portent très bien, d'autres moins bien. C'est là qu'on pourrait avoir un examen du portefeuille et éventuellement des cessions", a déclaré Christophe Weber.

Créé en 1986, Shire proposait à ses débuts des suppléments de calcium pour traiter l'ostéoporose, avant de connaître une croissance vertigineuse à coup d'acquisitions lui permettant de réaliser l'an dernier un chiffre d'affaires d'environ 15,2 milliards de dollars.

Le groupe est cependant sous pression depuis un an en raison de la concurrence accrue des médicaments génériques et du poids de la dette liée à l'acquisition de Baxalta en 2016, une opération largement critiquée.

(Véronique Tison et Claude Chendjou pour le service français)

par Paul Sandle, Ben Hirschler et Sam Nussey