par Victoria Howley et Sophie Sassard

LONDRES, 11 juillet (Reuters) - Teliasonera cherche à vendre sa filiale espagnole de téléphonie mobile Yoigo, ont déclaré mardi quatre sources proches du dossier, une opération évaluée à un milliard d'euros qui pourrait intéresser France Télécom, Vodafone et le magnat des télécoms Carlos Slim, propriétaire d'America Movil.

Le groupe de télécoms suédois a mandaté Deutsche Bank en vue de la cession de sa participation de 76% dans Yoigo, ont indiqué les sources.

Teliasonera sort progressivement des marchés qu'il juge non-stratégiques pour se recentrer sur la Scandinavie et l'Asie centrale, qui lui assure une croissance plus soutenue.

Deutsche Bank a conseillé Carlos Slim, l'homme le plus riche du monde, lors de l'acquisition à la fin du mois dernier de 27,7% du capital de l'opérateur néerlandais KPN.

America Movil a aussi pris une participation de 23% dans Telekom Austria.

Carlos Slim a déclaré la semaine dernière à Reuters qu'il n'avait pas dans l'immédiat de nouveau projet d'acquisition en Europe mais les sources ont expliqué qu'America Movil pourrait au moins étudier le dossier Yoigo, ce dernier étant considéré comme un actif intéressant.

"Je pense que Slim y jettera un oeil, oui. C'est un opportuniste. Il agit ou pas en fonction du prix", a expliqué l'une des sources.

Les sources ont ajouté que le britannique Vodafone et France Télécom étaient des candidats naturels au rachat de Yoigo, l'ensemble des grands opérateurs européens cherchant actuellement à se renforcer sur leurs principaux marchés tout en réduisant leur endettement.

Pour France Télécom comme pour Vodafone, un rachat de Yoigo permettrait de renforcer la position de son repreneur face à Telefonica, le numéro un du marché espagnol.

Yoigo a conquis environ 5% du marché espagnol de la téléphonie mobile ces cinq dernières années en se positionnant comme une alternative à bas prix aux grands acteurs tels que Telefonica, Vodafone ou France Telecom.

L'opérateur a réalisé en 2011 un chiffre d'affaires de 825 millions d'euros et un Ebitda (bénéfice avant impôt, charges financières, dépréciation et amortissement) de 46,5 millions. Il a en outre recruté de nouveaux clients, la récession qui frappe l'Espagne incitant les utilisateurs de mobiles à tenter de réduire leur facture.

Telefonica pourrait aussi tenter de reprendre Yoigo, ont dit deux sources, mais sa dette pourrait compliquer l'opération, tout comme sa part de marché, qui atteint déjà 43%, contre 31% pour Vodafone et 21% pour France Télécom.

America Movil, Telefonica, Vodafone et Teliasonera n'ont pas souhaité faire de commentaires. Deutsche Bank, France Télécom et Yoigo n'étaient pas joignables dans l'immédiat. (avec Leila Abboud, Blandine Hénault et Marc Angrand pour le service français, édité par Nicolas Delame)