Faites vos jeux, rien ne va plus ! Le calendrier est serré, les dates clés s'enchaînent. Le 9 juin, la SRM (la société des rédacteurs du Monde), présidée par Gilles Van Kote, ouvre le bal des prétendants et examine les offres. Le 14 juin, le conseil de surveillance du groupe se penche à son tour sur ces propositions. Enfin, le nom du futur propriétaire du Monde sera révélé le 30 juin.

Il tient le monde dans ses mains...
Qui sera capable de sauver le Monde en apportant les 60 millions d'euros nécessaires ? Le Monde a beau être une marque de prestige, les résultats financiers n'en sont pas moins inquiétants. Le groupe de presse enregistre une dette de 125 millions.

Actuellement quatre candidats se disent prêts à renflouer le capital : l'espagnol Prisa, le groupe Nouvel Observateur-SFA de Claude Perdriel, le duo Matthieu Pigasse-Pierre Bergé et enfin l'italien Carlo De Benedetti… que de beau monde !

Commençons par le groupe Prisa, dirigé par Juan-Luis Cebrian qui détient entre autre le quotidien espagnol El Pais. Ce groupe de presse est lui-même en attente de recapitalisation auprès d'un fonds américain, autant dire que la transaction financière risque d'être délicate.

Le tandem Matthieu Pigasse-Pierre Bergé souffre d'handicaps de nature différente. Ils sont les seuls à ne pas être déjà actionnaire au Monde. En outre, les éventuels conflits d'intérêt risquent de les pénaliser. Rappelons que Matthieu Pigasse est banquier d'affaires chez Lazard et que Pierre Bergé est engagé à gauche alors que la SRM exige une réelle indépendance politique.

Claude Perdriel et Carlo De Benedetti favoris
Le premier est actionnaire et administrateur du groupe Le Monde depuis 2002, il est propriétaire du Nouvel Obs et collectionne les bons points. C'est un fervent défenseur de la presse indépendante, sa fortune liée à son activité industrielle le protège de toute pression extérieure. Il dirige la SFA (société française d'assainissement) qui génère un résultat net plus que confortable.

Enfin, Claude Perdriel a promis à la SRM qu'elle garderait un droit de véto sur la nomination du directeur de la rédaction du Monde et que les actuels dirigeants, Eric Fottorino et David Guiraud seraient maintenus à leurs postes.

En tant que dirigeant du Nouvel Obs, acquérir le Monde permettrait à Claude Perdriel de créer un conglomérat média de grande ampleur. Comme le note justement Le Point du 19 mai, ce groupe recomposé bénéficierait de nombreuses synergies en termes de gestion du portefeuille d'abonnés, d'impression commune ou encore d'offre publicitaire couplée.

Quant au dernier prétendant, Carlo de Benedetti, il peut se targuer de disposer des mêmes garanties de solvabilité et d'autonomie éditoriale que son concurrent. C'est un fin connaisseur du monde des médias, il gère le groupe CIR-COFIDE qui détient entre autre Espresso. Il mise sur une stratégie mix medias en opérant à la fois au sein des secteurs de la radio, de la presse, de la télévision numérique ou encore d'internet.

Petit plus, cet homme d'affaires vit en Italie et cette distance ne semble pas déplaire à Eric Fottorino et David Guiraud qui voient d'un bon œil cette séparation géographique entre actionnaires et dirigeants.

Pour l'anecdote, le candidat qui guettait le Monde depuis des années s'est retiré des négociations. Le groupe Lagardère, qui détient déjà la filiale interactive du Monde, a en effet refusé de payer la somme nécessaire au sauvetage du quotidien.