(Actualisé avec des précisions, perspectives, analyste)

par Jan Strupczewski et Balazs Koranyi

BRUXELLES, 1er avril (Reuters) - Le tassement inattendu de l'inflation de la zone euro en mars justifie la décision de la Banque centrale européenne (BCE) de surseoir à une hausse des taux mais souligne aussi la difficulté de sa tâche dans un contexte de ralentissement économique marqué.

Les prix de détail ont augmenté de 1,4% annuellement en mars, a annoncé Eurostat lundi, alors que le consensus tablait sur une inflation inchangée par rapport à février, à 1,5%, des taux bien éloignés de l'objectif de la BCE qui est une inflation d'un petit peu moins de 2%.

Plus préoccupant encore, hors prix de l'énergie et prix des produits alimentaires non conditionnés, la hausse des prix de détail se limite à 1,0% en mars - la plus faible depuis avril 2018 - contre 1,2% en février.

Cette mesure de l'inflation est celle prise en compte par la BCE lorsqu'elle doit prendre des décisions de politique monétaire. Les marchés attendaient un taux d'inflation inchangé.

Même si les salaires augmentent et que l'emploi est à un niveau record, les prix de détail ne décollent pas, pas plus que l'inflation de base, ce qui ne laisse pas de rendre la banque centrale perplexe et surtout remet en cause son aptitude à maîtriser l'évolution des prix.

"Les données de prix d'aujourd'hui ne vont faire que déprimer un peu plus les anticipations d'inflation du marché", constate Christoph Weil, économiste de Commerzbank. "L'inflation de base restera sans doute bien en deçà de l'objectif de la BCE durant toute l'année".

Pour autant, l'inflation de base pourrait en partie se redresser en avril, estiment des économistes qui imputent le fléchissement de mars à des éléments saisonniers et de ce point de vue, Pâques tombant en avril cette année, des hausses de prix qui se manifestent habituellement durant cette période de vacances devraient intervenir le mois prochain.

Seuls les prix de l'énergie ont augmenté le mois dernier, de 5,3% annuellement après 3,6% en février.

Une mesure encore plus resserrée, qui exclut également les prix des alcools et du tabac et qui est suivie de près par les économistes, donne une inflation encore plus basse, de 0,8% en mars contre 1,0% en février et 0,9% attendu.

Sabine Lautenschläger, membre du directoire de la BCE, observe, dans un entretien au journal De Standard publié lundi, qu'une hausse de l'inflation dans la zone euro prendra du temps car l'incertitude politique freine la croissance.

Eurostat a également annoncé que le taux de chômage de la zone euro était inchangé à 7,8% en février mais aussi que le nombre de chômeurs avait baissé de 12,730 millions contre 12,807 millions en janvier.

Tableau inflation:

Tableau chômage:

( Wilfrid Exbrayat pour le service français, édité par Blandine Hénault)