* Pour la Zanu-PF, le président doit démissionner

* S'il refuse, il sera destitué

* L'ancien vice-président Mnangagwa devrait lui succéder (Actualisé avec motion votée par la Zanu-PF)

par MacDonald Dzirutwe

HARARE, 18 novembre (Reuters) - La Zanu-PF, le parti au pouvoir du président du Zimbabwe Robert Mugabe, exige la démission de ce dernier et prévoit d'organiser samedi une manifestation à Harare, la capitale du pays, pour accentuer la pression sur le chef de l'Etat.

Ce dernier, qui tient les rênes de l'ex-Rhodésie depuis son indépendance en 1980, est confronté au plus grand défi de sa longue carrière politique après que les militaires ont pris le pouvoir mercredi, l'armée disant viser les "criminels" gravitant dans l'entourage de Robert Mugabe, âgé de 93 ans.

La Zanu-PF a demandé à ce Robert Mugabe quitte le pouvoir, a rapporté vendredi soir The Herald, le principal organe de presse du gouvernement, dernier signe en date montrant que l'autorité du président s'est évaporée depuis le coup d'Etat.

Un haut responsable de la Zanu-PF avait auparavant dit à Reuters que le parti voulait voir Robert Mugabe quitter le devant de la scène.

"S'il s'entête, nous ferons en sorte qu'il soit chassé du pouvoir dimanche. Une fois que cela sera fait, une procédure de destitution aura lieu mardi", a dit la source.

Selon The Herald, la Zanu-PF prévoit de convoquer un comité central spécial dimanche pour "réaligner le parti révolutionnaire sur les développements politiques en cours".

De son côté, l'armée a dit apporter "tout son soutien" à une "marche de solidarité" - événement apparement distincte de celui préparé par la Zanu-PF - prévue samedi à Harare.

Les militaires ont dit avoir été "contactés par plusieurs organisations voulant se déplacer en toute liberté et exprimer leurs souhaits", ajoutant qu'ils donné une réponse favorable à ces requêtes sous réserve que les manifestations soient ordonnées et pacifiques.

Le calme prévaut à Harare depuis le coup d'Etat. Dans un communiqué, l'armée précise que "la population a été mise en garde contre tout pillage".

PREMIÈRE APPARITION PUBLIQUE

Dans la journée de vendredi, Robert Mugabe est apparu vendredi en public pour la première fois depuis la prise du pouvoir par les militaires, le chef de l'Etat s'étant rendu dans une université de la capitale pour présider une cérémonie de remise de diplômes.

Robert Mugabe, qui se considère toujours comme le dirigeant légitime du pays, occupe la présidence du Zimbabwe depuis décembre 1987, après avoir été Premier ministre depuis l'indépendance en 1980 de l'ancienne Rhodésie.

L'armée s'est emparée du pouvoir dans la nuit de mardi à mercredi et négocie avec le vieux président pour une transmission en douceur du pouvoir à Emmerson Mnangagwa, ex-vice-président limogé le 6 novembre.

En prenant le pouvoir, les militaires avaient pour principal objectif d'empêcher l'épouse du chef de l'Etat, âgée de 52 ans, de lui succéder, estime-t-on dans les milieux politiques.

Détestée par les militaires et peu populaire, Grace Mugabe est considérée comme une personnalité clivante dont les goûts de luxe lui ont valu le surnom de "Gucci Grace".

Des documents émanant des services de renseignement et consultés par Reuters suggèrent qu'Emmerson Mnangagwa, également ancien chef des services secrets, prépare depuis plus d'un an l'après-Mugabe avec l'armée et l'opposition.

Robert Mugabe est considéré comme un despote par les Occidentaux qui estiment que sa gestion désastreuse de l'économie et son recours à la violence pour se maintenir au pouvoir ont ruiné l'un des Etats les plus prometteurs du continent africain. (Guy Kerivel, Gilles Trequesser et Benoît Van Overstraeten pour le service français)