(Actualisé avec précisions et contexte, commentaire, réactions des marchés)

par Howard Schneider, Jonathan Spicer et Pete Schroeder

JACKSON HOLE, Wyoming, 25 août (Reuters) - Les réformes mises en oeuvre après la crise financière de 2007-2009 ont renforcé le système financier sans freiner la croissance économique et d'éventuelles modifications de la réglementation en la matière devront rester limitées, a déclaré vendredi Janet Yellen, la présidente de la Réserve fédérale.

"L'éventail de la recherche suggère que le coeur des réformes que nous avons mises en oeuvre a sensiblement renforcé la capacité de résistance sans limiter indûment la disponibilité du crédit ou la croissance économique", a-t-elle dit lors de la conférence annuelle de Jackson Hole, dans le Wyoming, à laquelle participent des responsables de nombreuses banques centrales du monde entier et des économistes.

Ce discours peut être lu comme un plaidoyer en faveur du cadre réglementaire actuel et comme un rejet implicite de la volonté du président Donald Trump d'assouplir considérablement les règles de supervision du secteur financier pour doper la croissance.

Les positions défendues par Janet Yellen en la matière sont susceptibles d'influencer la décision du président sur son maintien ou non à la tête de la banque centrale après l'expiration de son mandat actuel, fin janvier.

"En quelque sorte, elle prend ses marques en matière de réglementation, qui constitue l'un des points de tension entre elle et Trump en ce moment", a commenté Phil Orlando, responsable de la stratégie actions de Federated Investors.

Janet Yellen a reconnu que certaines modifications de la réglementation pourraient être nécessaires, en évoquant entre autres un éventuel assouplissement de la "règle Volcker", qui encadre les activités de trading des banques, et un allègement supplémentaire des règles appliquées aux petites et aux moyennes banques.

Elle a reconnu que des modifications pourraient être bienvenues si elles permettaient d'améliorer la liquidité de certains segments du marché obligataire, même si elle juge que le système actuel reste "solide".

TOUTE ÉVOLUTION RÉGLEMENTAIRE DOIT RESTER "MODESTE"

Elle a en revanche défendu certaines des règles critiquées par des membres de l'administration Trump et par des responsables républicains du Congrès, notamment les tests de résistance annuels des principales banques du pays, la possibilité de durcir la réglementation pour les établissements jugés d'importance systémique et celle de démanteler les établissements financiers en faillite.

Le camp républicain estime que le cadre réglementaire mis en place par la réforme financière dite "Dodd-Frank" de 2010 handicape le crédit et pèse sur l'activité économique. Si les divisions au Congrès rendent peu probable l'adoption d'une réforme en profondeur de ce dispositif, l'administration Trump a déjà nommé plusieurs hauts fonctionnaires plus à même que leurs prédécesseurs à édulcorer les textes existants.

Randal Quarles, choisi par le président pour le poste de vice-président de la Fed chargé des dossiers de réglementation, est ainsi un partisan déclaré de tels changements. Gary Cohn, le principal conseiller économique de Donald Trump, souvent présenté comme un possible successeur de Janet Yellen, est lui aussi favorable à des réformes.

Pour Janet Yellen, "tout ajustement du cadre réglementaire devrait être modeste et préserver l'amélioration de la capacité de résistance" d'un système financier qu'elle juge mieux préparé à encaisser d'éventuels chocs.

Elle a mis en garde contre la tentation de considérer que la crise financière appartenait à l'Histoire. "Déjà, pour certains, les souvenirs de cette expérience, les souvenir du coût de la crise financière, semblent être en train de se dissiper, a-t-elle regretté.

L'absence de référence à la politique monétaire dans ce discours très attendu a déçu certains investisseurs, qui espéraient que la présidente de la Fed profiterait de l'occasion pour donner aux marchés des indices supplémentaires sur l'évolution future des taux d'intérêt.

Cette déception s'est traduite par une baisse du dollar et des rendements des emprunts d'Etat américains tandis que la Bourse de New York progressait.

Vers 16h15 GMT, l'indice Dow Jones gagnait 0,23% et le rendement des Treasuries à dix ans était revenu à 2,1711%, contre un peu plus de 2,19% avant la publication du discours. Le dollar cédait alors 0,56% face à un panier de devises de référence et l'euro remontait à plus de 1,1875 dollar.

(Howard Schneider et Jonathan Spicer; Marc Angrand pour le service français, édité par Wilfrid Exbrayat)