par François Murphy et Alexandra Schwarz-Görlich

VIENNE, 11 octobre (Reuters) - Les sociaux-démocrates autrichiens ont conservé dimanche la mairie de Vienne malgré la poussée électorale de l'extrême droite, qui a joué à plein la carte de la crise des migrants et réalise son meilleur score dans la capitale.

D'après les projections actualisées de l'institut SORA diffusées par la chaîne publique ÖRF, le SPÖ, qui tient la mairie depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale, arrive clairement en tête avec 39,5% des voix.

Mais le parti du maire sortant, Michael Häupl, perd près de cinq points par rapport au précédent scrutin, il y a cinq ans, et signe surtout un de ses plus mauvais scores dans "Vienne la rouge".

A l'inverse, le Parti de la liberté (FPÖ) de Heinz-Christian Strache progresse de cinq points par rapport à 2010 et, avec 31% des voix, améliore le score historique que la formation populiste et hostile à l'immigration avait enregistré dans la capitale, 28% lors des élections en 1996, sous la houlette de feu Jörg Haider.

"Nul ne pourra rabaisser notre succès d'aujourd'hui", a déclaré Strache à l'antenne de l'ÖRF.

Pourtant, ce sont bien les sociaux-démocrates qui gouverneront la capitale autrichienne pour cinq années supplémentaires.

Häupl peut reconduire sa coalition sortante "rouge-verte" avec le parti écologiste des Verts, crédité de 11,6% (en recul d'un point). Il peut aussi envisager, à l'image du gouvernement autrichien, une alliance "rouge-noire" avec le Parti populaire (ÖVP, droite), à 9,2% (-4,8 points, une baisse qu'explique en partie l'arrivée des libéraux de Neos, un nouveau parti qui obtient un peu plus de 6% des voix).

"Bien sûr, je ne suis pas satisfait du recul de notre score, mais d'un autre côté, compte tenu des circonstances du duel, je peux vivre avec ce résultat", a commenté le maire sur l'ÖRF.

La campagne électorale a été dominée par la crise des réfugiés: Vienne a vu plusieurs dizaines de milliers de migrants transiter sur son territoire depuis début septembre, la plupart poursuivant vers l'Allemagne voisine.

Mais pour le politologue Peter Filzmaier, la crise des réfugiés que vit l'Europe depuis cet été, la plus grave depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale, n'explique pas à elle seule la résurgence du FPÖ. "Il y a conjonction avec des inquiétudes économiques et sociales liées à l'avenir", dit-il.

De ce fait, les sondages d'intention de vote tablaient sur un scrutin bien plus indécis.

"Cela n'a pas été si serré. Les électeurs ont largement plus fait confiance au maire (qu'à Strache)", a commenté le chancelier Werner Faymann, qui avait fait campagne avec Haüpl. (Henri-Pierre André pour le service français)