(Actualisé avec une plainte contre un journal)

LE CAIRE, 1er janvier (Reuters) - L'humoriste égyptien Bassem Youssef, qui s'est moqué du président Mohamed Morsi à la télévision, va faire l'objet d'une enquête judiciaire pour atteinte au statut du chef de l'Etat, a-t-on appris mardi de source judiciaire.

Son cas ne manquera pas d'attiser les craintes pour la liberté d'expression exprimées depuis l'arrivée au pouvoir des Frères musulmans, d'autant que l'injure est prohibée par la nouvelle Constitution.

Dans une affaire distincte, un des principaux journaux égyptiens indépendants, Al Masri Al Youm ("L'Egyptien aujourd'hui"), a annoncé faire l'objet d'une enquête judiciaire après une plainte de la présidence pour "propagation de fausses nouvelles représentant un danger pour la paix civile, la sécurité publique et affectant la présidence".

Bassem Youssef s'est rendu célèbre avec une émission satirique en ligne après le renversement du président Hosni Moubarak, en février 2011. Bassem Youssef, qui anime aujourd'hui une émission de télévision, l'a débutée un jour avec une chanson tournant en dérision l'emploi répété du terme "amour" dans les discours du chef de l'Etat.

Le parquet a ordonné l'ouverture d'une enquête à la suite d'un dépôt de plainte de la part d'un juriste islamiste qui accuse l'humoriste d'avoir "insulté" le président et d'avoir porté atteinte à son statut.

"La plus grande menace pour la liberté d'expression ces quatre derniers mois a été la multiplication des plaintes en diffamation, que ce soit à l'encontre du chef de l'Etat ou de l'appareil judiciaire", a commenté Heba Morayef, directeur de l'antenne égyptienne de l'ONG Human Rights Watch.

"Nous allons probablement assister à une augmentation du phénomène parce que la diffamation est désormais inscrite dans la Constitution", a-t-il ajouté.

Al Masri Al Youm explique que l'article qui lui est reproché, paru samedi sur son site web, citait des "sources informées" selon lesquelles le président Morsi devait se rendre à l'hôpital, sans donner de raison pour ce déplacement.

La présidence a démenti l'information. Le quotidien précise avoir actualisé son article initial pour dire que la visite du chef de l'Etat avait été annulée et qu'à la place sa femme avait rendu visite à un membre de sa famille à l'hôpital. (Tom Perry, Jean-Philippe Lefief pour le service français)