KIEV, 17 janvier (Reuters) - Le président ukrainien Viktor Ianoukovitch a promulgué vendredi soir une série de lois restreignant le droit de manifester, perçues comme une atteinte à la démocratie par certains pays occidentaux.

Le nouveau dispositif, voté à main levée jeudi par le Parlement, prévoit notamment des peines de plusieurs jours de prison et des amendes pour l'installation sur la place publique de tentes, de scènes ou de haut-parleurs non autorisés.

Par ailleurs, les personnes et les organisations accusées de fournir des équipements aux contrevenants risqueront désormais une amende de près de 1.000 euros ou une peine de dix jours de prison.

L'opposition ukrainienne craint que ce texte ne soit le prélude à une vague de répression destinée à étouffer un mouvement de contestation qui dure depuis que le chef de l'Etat, favorable à un rapprochement avec le voisin russe, a refusé de signer en novembre dernier un accord de libre-échange avec l'Union européenne.

Au plus fort du mouvement, ils étaient 800.000 à manifester et, dimanche dernier, ils étaient encore au moins 50.000 dans la capitale ukrainienne.

L'initiative des députés pro-Ianoukovitch a été critiquée par l'opposition mais aussi par plusieurs capitales occidentales.

"Je suis très inquiète par ce qui se passe à Kiev", a déclaré de son côté Catherine Ashton, la haute représentante de l'Union européenne pour les affaires étrangères. Selon elle, la nouvelle législation "restreint les droits fondamentaux des citoyens ukrainiens".

"Une authentique démocratie ne peut pas fonctionner sans dialogue, sans compromis, sans le droit à protester pacifiquement ni sans un parlement qui jouisse de la confiance de la population", a affirmé Jen Psaki, porte-parole du département d'Etat américain.

Le ministre allemand des Affaires étrangères, Frank-Walter Steinmeier, a quant à lui estimé que Viktor Ianoukovitch s'engageait dans une "impasse". "La répression n'est pas une réponse à un débat houleux", a-t-il dit.

A Kiev, le ministère des Affaires étrangères a rejeté ces commentaires, "une ingérence étrangère dans les affaires de l'Etat". (Richard Balmforth; Simon Carraud pour le service français)