par Richard Cowan et Steve Holland

WASHINGTON, 14 février (Reuters) - Plusieurs parlementaires américains, dont des élus influents du Parti républicain, souhaitent une enquête approfondie sur les relations entre la Maison blanche et la Russie après la démission du conseiller à la sécurité nationale Michael Flynn.

Flynn a été contraint à quitter l'équipe de Donald Trump, seulement trois semaines après l'entrée en fonction du président des Etats-Unis, en raison de révélations sur une conversation qu'il a eue avec l'ambassadeur russe à Washington, avant l'investiture de l'homme d'affaires, sur une éventuelle levée des sanctions contre Moscou.

Donald Trump a demandé la démission de son conseiller quand il a senti que sa confiance en Flynn s'était érodée au point de nécessiter un changement de personne, a expliqué le porte-parole de la Maison blanche, Sean Spicer, mardi.

La démission de Flynn provoque de nouvelles turbulences dans l'administration américaine qui accumule les revers, les critiques et les problèmes de fonctionnement en interne depuis l'arrivée de Trump à la présidence.

La retranscription de la conversation entre Flynn et l'ambassadeur Sergueï Kislyak montre que la question de la levée des sanctions a bien été abordée entre les deux hommes lorsqu'ils se sont entretenus fin décembre, a dit un responsable américain.

Flynn a quitté ses fonctions quelques heures après que le département de la Justice a indiqué avoir mis en garde la présidence depuis plusieurs semaines sur une vulnérabilité au chantage du conseiller en raison de ses entretiens avec Kislyak.

"Le peuple américain a le droit de savoir aux ordres de qui le général Flynn obéissait lorsqu'il a passé ces coups de fil et pourquoi la Maison blanche a attendu que ces informations soient publiques pour agir", a déclaré le démocrate Mark Warner, vice-président de la commission sénatoriale du Renseignement.

TRUMP VISÉ INDIRECTEMENT

Pour le sénateur démocrate Chris Coons, cette affaire ne se résume pas seulement à Michael Flynn. "Que savait le président Trump ? Que savait-il et depuis quand le savait-il ?" s'est interrogé Coons sur la chaîne MSNBC, reprenant la fameuse question posée lors du scandale du Watergate qui a conduit à la démission de Richard Nixon en 1974.

Deux sénateurs républicains, Bob Corker et John Cornyn, appartenant à la commission du Renseignement, ont estimé qu'une enquête devait être menée pour déterminer la nature des contacts de Flynn, un ancien agent des services de renseignement, avec la Russie.

Corker a estimé que Flynn devrait témoigner lors d'une audition parlementaire. Le sénateur républicain Roy Blunt a indiqué à une radio de St. Louis qu'une commission doit entendre Flynn "très prochainement" dans le cadre de l'enquête sur les tentatives russes d'influencer l'élection présidentielle américaine.

La démission de Michael Flynn, ardent partisan d'une attitude conciliante à l'égard de la politique de Vladimir Poutine, pourrait entraver les efforts de Donald Trump pour opérer un rapprochement avec le maître du Kremlin comme il affirme vouloir le faire.

"La démission du général Flynn soulève également des questions que les intentions de l'administration Trump à l'égard de la Russie de Vladimir Poutine", a commenté le sénateur John McCain.

Embarrassé par cette nouvelle affaire, Donald Trump a tenté de jouer la carte de la diversion en focalisant l'attention sur les fuites qui touchent son administration. "La vraie question est pourquoi il y a autant de fuites illégales émanant de Washington ?" a-t-il écrit sur son compte Twitter.

Dans sa lettre de démission, Flynn a paru endosser seul la responsabilité de l'affaire, reconnaissant "avoir informé par mégarde de manière incomplète le président-élu et d'autres sur ses entretiens téléphoniques avec l'ambassadeur de Russie".

(Pierre Sérisier pour le service français)