(Actualisé avec précisions, réactions)

ATHENES, 30 janvier (Reuters) - Un migrant a été retrouvé mort lundi dans le camp de Moria, sur l'île grecque de Lesbos, le troisième décès inexpliqué en moins d'une semaine, ce qui préoccupe les responsables locaux et met en lumière les conditions de vie extrêmement difficiles dans les camps de réfugiés de la mer Egée.

L'homme était âgé d'une vingtaine d'années et sans doute originaire du Pakistan, a déclaré un officier de police. Un autre migrant, qui partageait sa tente, a été hospitalisé dans un état critique.

Deux autres décès sont survenus ces derniers jours dans le même camp de réfugiés: un Egyptien de 22 ans est mort le 24 janvier et un Syrien 46 ans le 28 janvier. Les deux hommes vivaient sous la même tente. Selon les médias grecs, ces deux premiers décès étaient dus à l'inhalation de fumées dégagées par un poêle, information que les autorités grecques n'ont pas commentée.

Environ 4.800 réfugiés et migrants vivent dans deux camps sur l'île de Lesbos, soit mille de plus que les capacités d'accueil. Les conditions de vie à Moria, une ancienne base militaire, se sont détériorées alors que ses occupants attendent depuis des mois une réponse à leurs demandes d'asile.

Au total, plus de 60.000 réfugiés et migrants, pour la plupart originaires de Syrie, Irak et Afghanistan, sont bloqués en Grèce depuis mars 2016.

L'Agence des Nations unies pour les réfugiés (HCR) et d'autres organisations internationales ont exhorté Athènes à améliorer les conditions de vie dans ces camps de réfugiés, qualifiées de "déplorables" par l'ONG Human Rights Watch.

Cité par l'agence ANA, le ministre grec de la Politique migratoire, Yannis Mouzalas, a ordonné l'ouverture d'une enquête sur les circonstances de ces décès et promis que des mesures seraient prises pour rendre la situation "plus gérable" dans les camps de réfugiés installés dans les îles de la mer Egée.

"Nous nous demandons combien il faudra de décès supplémentaires pour que notre gouvernement se réveille", a accusé Stavros Theodorakis, le dirigeant du parti centriste To Potami (La rivière).

Du côté des ONG, Panos Navrozidis, directeur pour la Grèce de l'International Rescue Committee, a souligné que "ces décès gratuits ne pouvaient plus être tolérés". (Karolina Tagaris; Jean-Stéphane Brosse et Henri-Pierre André pour le service français)