(Actualisé avec tirs signalés dans deux bases d'Abidjan)

ABIDJAN, 13 janvier (Reuters) - Des tirs nourris ont éclaté vendredi à Bouaké, dans le centre de la Côte d'Ivoire, où des membres du gouvernement négociaient avec des soldats mutinés qui réclament le versement de primes, rapportent des témoins et des représentants des seconds.

Selon ces derniers, les mutins, qui sont pour la plupart d'anciens rebelles incorporés dans l'armée, ont ouvert le feu pour exprimer leur colère. Ils accusent le gouvernement d'être revenu sur un accord conclu ce week-end.

"Ils ne veulent pas payer nos primes. Voilà pourquoi nos hommes tirent. C'est pour montrer qu'ils ne sont pas contents", a déclaré un de leurs chefs ayant requis l'anonymat.

Les mutins ont ensuite fermé les principales voies d'accès à Bouaké, alors que la délégation gouvernementale s'y trouvait toujours, et ont promis de maintenir le blocus jusqu'à ce qu'une solution soit trouvée.

Des tirs ont également retentis dans la soirée dans deux bases militaires d'Abidjan, rapportent des témoins.

A Bouaké, une fusillade avait déjà éclaté dans l'après-midi à proximité d'un centre culturel où les représentants des militaires devaient rencontrer le ministre de la Défense, Alain-Richard Donwahi. Les organisateurs des discussions ont dû déplacer le lieu de la réunion.

Des habitants de la deuxième ville du pays s'étaient rassemblés devant le centre culturel pour manifester leur hostilité aux soldats. Ces derniers ont tiré en l'air puis une centaine d'entre eux, lourdement armés, ont pris la direction du centre-ville à bord de pick-up et de camions de transport.

Alors que les habitants se mettaient à l'abri et que les commerçants fermaient boutique, le ministre de la Défense est arrivé par hélicoptère vers 13h00 GMT, accompagné d'autre membres du gouvernement et de l'armée.

"Comme promis, nous revenons poursuivre les discussions avec nos hommes", a-t-il dit. "C'est notre pays, notre sécurité. Nos hommes sont également prêts à avancer dans la bonne direction."

La mutinerie a débuté la semaine dernière à Bouaké et dans plusieurs autres villes du pays où des soldats exigeant le versement de primes et une augmentation de leurs soldes ont pris des armes et érigé des barrages.

Le calme est revenu dimanche dernier après la conclusion d'un accord avec le gouvernement.

Les mutins se plaignent de ne pas avoir touché les primes promises par le gouvernement, dont le versement aurait dû commencer lundi, selon eux.

"Nous attendons que le ministre nous dise quand ils commenceront à verser la prime de 12 millions de francs CFA (environ 18.000 euros)", a déclaré un négociateur souhaitant rester anonyme, ajoutant que les mutins réclamaient aussi des réponses sur des promotions et d'autres demandes. (Ange Aboa; Henri-Pierre André, Jean-Stéphane Brosse et Jean-Philippe Lefief pour le service français)