* Des taux de déclarations de grévistes de 43% pour lundi

* Un taux équivalent à mercredi pour les conducteurs

* "Les cheminots sont déterminés", dit la CGT cheminots

* Pour De Rugy, "on ne peut pas compter sur la négociation" (Actualisé avec commentaires des syndicats et contexte)

PARIS, 8 avril (Reuters) - Les syndicats de la SNCF se sont montrés déterminés dimanche à tenir leurs positions pour la suite du mouvement de grève par intermittence face à un exécutif en contre-offensive médiatique.

"Les cheminots sont déterminés - ils le montrent dans le niveau de mobilisation - à contrer une réforme qu'ils estiment être une réforme technocratique (...) et également à contrer le statu quo que le gouvernement est en train de valider", a déclaré sur LCI le secrétaire général de la CGT-Cheminots, Laurent Brun.

La direction de la SNCF a annoncé un taux de déclaration de grévistes de 43% pour la journée de lundi parmi ses agents "indispensables" pour faire circuler les trains sur son réseau. Le trafic sera encore très perturbé: la direction prévoit la circulation d'un TER et d'un Transilien sur trois, d'un Intercités sur six et d'un TGV sur cinq. Trois trains sur quatre devraient rouler sur les trajets internationaux (Eurostar et Thalys).

Dimanche, pour la première de ces deux nouvelles journées de grève, le taux de déclaration annoncé était de 35%, mais ce chiffre ne pouvait être représentatif puisqu'il s'agit d'un jour de week-end, avait souligné samedi le directeur adjoint de la compagnie ferroviaire, Mathias Vicherat.

Chez les conducteurs, le taux annoncé pour lundi est de 74%, les contrôleurs de 67% et les aiguilleurs de 30%, a déclaré le directeur de Transilien, Alain Krakovitch lors d'une conférence de presse.

"Si on compare avec la dernière journée comparable, c'est-à-dire le mercredi 4 avril, (...) on a des chiffres qui sont relativement équivalents, en particulier pour les conducteurs", a-t-il précisé.

Pour les contrôleurs en revanche, ces chiffres sont en baisse "puisqu'on passe de 73% à 67%" et "en baisse aussi plus nettes pour les aiguilleurs puisqu'on passe de 46% à 30%", selon Alain Krakovitch.

Les discussions qui ont eu lieu jeudi et vendredi au ministère des Transports ont accentué les crispations. La CGT a notamment prévenu que la mobilisation pourrait se prolonger au-delà du mois de juin.

"Tant que les trois points de la réforme sont maintenus tels qu'ils sont et que le gouvernement ne répond pas aux huit points de revendication unitaires, oui effectivement, je pense qu'on va avoir du mal à avancer", a ajouté Laurent Brun.

Les syndicats dénoncent notamment l'ouverture à la concurrence de la SNCF, la suppression de l'embauche au statut des cheminots et réclament une reprise de la dette par le gouvernement.

"ON NE PEUT PAS COMPTER SUR LA NÉGOCIATION"

Sur ces trois sujets, l'exécutif qui s'est lancé dans une contre-offensive médiatique dimanche (), a émis une fin de non recevoir.

"J'entends la détermination de certaines organisations syndicales mais qu'ils entendent bien la mienne aussi. Le statu quo n'est pas viable", a déclaré le Premier ministre, Edouard Philippe, dans une interview du Parisien.

Pour le président de l'Assemblée nationale, François de Rugy, "on ne peut pas compter sur la négociation" pour mener une réforme de ce type. "Il y a des syndicats comme la CGT ou Sud qui le disent, qui le revendiquent, eux, ils ne sont pas dans une culture de la négociation", a-t-il expliqué lors de l'émission Le Grand Jury de RTL, Le Figaro et LCI.

La fin du conflit arriverait, selon lui, grâce à la CFDT-Cheminots et l'UNSA-Ferroviaire, qui "ont toujours accepté de négocier sur des points". "Une fois qu'ils auront pris acte du vote du parlement, par exemple, il y aura sans doute des discussions sur les modalités de mise en oeuvre" de la réforme, a-t-il ajouté.

Mais pour le secrétaire général adjoint de la CFDT-Cheminots, Rémi Aufrere-Privel, la réforme est "mal préparée" et les propos d'Edouard Philippe dans l'interview du Parisien ne sont pas "de nature à encourager l'esprit de négociation".

"Nous avons fait notre travail de négociation. Par contre nous ne sommes pas aujourd'hui écoutés ni entendus", a-t-il dit sur BFMTV.

La grève de deux jours par tranche de cinq jours lancée par les quatre syndicats représentatifs de la SNCF a débuté le 3 avril et a été annoncée jusqu'au 28 juin.

Avant la première phase de la grève intermittente des cheminots, mardi et mercredi derniers, la compagnie avait anticipé un taux de déclaration de grévistes de 48%. (Caroline Pailliez, édité par Benoît Van Overstraeten et Henri-Pierre André)