(actualisé tout du long)

par Aaron Maasho et Carl Odera

JUBA/ADDIS-ABEBA, 2 janvier (Reuters) - L'armée sud-soudanaise (SPLA) a déclaré jeudi faire marche en direction de la ville de Bor, contrôlée par les partisans de l'ex-vice-président Riek Machar, alors même que des représentants des deux camps devaient rencontrer un médiateur à Addis-Abeba pour négocier un arrêt des combats.

Les deux camps se sont entendus sur le principe d'un cessez-le-feu mais nul n'a indiqué quand s'interrompraient les combats, qui ont fait plus de mille morts et près de 200.000 déplacés en près de trois semaines.

Le président sud-soudanais, Salva Kiir, a proclamé mercredi soir l'état d'urgence dans l'Etat de l'Unité et celui de Jonglei, dont la capitale, Bor, est tombée mardi aux mains d'une milice fidèle à Riek Machar.

Un porte-parole des rebelles dans l'Etat de l'Unité a qualifié de "mensonges" les déclarations de l'armée sur sa progression vers Bor et a estimé que le gouvernement de Juba se livrait à une "guerre de communiqués" avant que les négociations de paix n'entrent dans le vif du sujet à Addis-Abeba.

"Nous progressons vers Bor parce que ceux d'en face veulent faire marche en direction de Juba", a déclaré à la presse dans la capitale le chef d'état-major de l'armée sud-soudanaise, James Hoth Mai. "Il n'y a pas de cessez-le-feu pour le moment et nous ne voulons pas qu'ils progressent dans notre direction".

Bor se trouve à 190 km au nord de la capitale Juba. Le contrôle de Bor procure aux partisans de Machar une base relativement proche de la capitale et renforce ainsi leur position aux négociations d'Addis-Abeba, déclarent des analystes.

Le porte-parole de l'armée nationale sud-soudanaise, Philip Aguer, n'a pas dit combien de soldats marchaient sur Bor, mais il a évalué entre 4.000 et 7.000 le nombre de partisans de Machar présents dans cette ville.

RENCONTRE AVEC UN MÉDIATEUR A ADDIS-ABEBA

Les troupes du SPLA se rapprochent d'autre part de Bentiu, capitale de l'Etat de l'Unité tenue par les rebelles, a ajouté Mai, qui affirme que l'armée a repris mercredi aux rebelles la ville de Mayom. Un porte-parole des rebelles présent à Bentiu a assuré quant à lui que Mayom était toujours aux mains des rebelles, ce qu'a confirmé la mission des Nations unies au Soudan du Sud.

L'évêque anglican de Bor, Ruben Akurdit Ngong, rapporte que les rues de sa ville sont jonchées de cadavres. "L'odeur de cadavres s'est emparée terriblement de la ville", a dit Ngong, qui a fui la ville dimanche.

Les négociations de paix à Addis-Abeba visent à établir les modalités d'une trêve, déclarent les médiateurs.

"La moitié seulement de la délégation gouvernementale est présente. L'autre moitié doit arriver dans la soirée", a dit un responsable éthiopien.

Chaque délégation va rencontrer Seyoum Mesfin, l'un des deux médiateurs désignés par l'Autorité intergouvernementale pour le développement (Igad) en Afrique de l'Est. "Ensuite, on peut espérer qu'auront lieu des négociations directes", a ajouté le responsable éthiopien.

Les affrontements ont éclaté le 15 décembre à Juba, la capitale du Soudan du Sud, avant de s'étendre rapidement à cinq des 10 Etats du pays.

Salva Kiir accuse Riek Machar, qu'il avait limogé en juillet dernier de la vice-présidence, d'avoir déclenché les combats pour tenter de s'emparer du pouvoir. Le conflit oppose les deux principales ethnies du pays, les Dinkas de Salva Kiir et les Nuers de Riek Machar.

Ce dernier rejette les accusations du président mais a dit avoir gagné la brousse et diriger les soldats mutinés contre le pouvoir en place. (Eric Faye pour le service français)