KINSHASA, 1er janvier (Reuters) - Les dirigeants de l'opposition de RDC ont signé samedi un accord avec le parti de Joseph Kabila qui prévoit que le chef de l'Etat quitte le pouvoir après des élections qui devront se tenir d'ici la fin 2017.

Les médiateurs de l'Eglise catholique de la République démocratique du Congo faisaient pression sur les deux camps depuis des semaines pour qu'ils signent l'accord, destiné à éviter que le pays ne bascule dans l'anarchie, voire une nouvelle guerre civile, après la décision de Kabila de se maintenir au pouvoir malgré l'expiration de son mandat voici plus d'une semaine.

"Aujourd'hui, nous sommes heureux de présenter un compromis", a déclaré Mgr Marcel Utembi, président de la conférence épiscopale de RDC, avant que des représentants du parti de Kabila, dont les ministres des Mines et de l'Intérieur, respectivement Martin Kabwelulu et Emmanuel Shadary, signent l'accord avec la principale alliance de l'opposition.

L'accord interdit au président congolais de modifier la constitution pour briguer un troisième mandat, avait déclaré dès vendredi Mgr Marcel Utembi, lorsque l'accord avait été trouvé entre les parties prenantes.

Les partis impliqués dans la médiation se sont également entendus sur la nomination d'un Premier ministre issu du principal bloc de l'opposition. C'est à lui que reviendra la tâche de superviser la transition.

Si les parties respectent l'accord, il permettra le premier transfert pacifique du pouvoir en RDC depuis son accession à l'indépendance en 1960.

D'énormes obstacles demeurent néanmoins. La commission électorale a estimé que des élections ne seraient sans doute pas possibles avant 2018, et beaucoup doutent que Joseph Kabila ait véritablement l'intention de quitter le pouvoir. Plusieurs de ses partisans ont émis récemment l'idée de modifier la Constitution pour lui permettre de briguer un nouveau mandat, ce que d'autres dirigeants africains ont fait.

C'est par l'impossibilité financière et logistique de tenir un scrutin avant avril 2018 que le pouvoir avait justifié ces derniers temps le maintien de Kabila à la tête de l'exécutif au-delà de l'expiration de son mandat, le 20 décembre.

Depuis lors, des manifestations et des violences ont fait au moins 40 morts en RDC, selon l'Onu, qui a dénoncé un usage excessif de la force. Des centaines de personnes ont en outre été arrêtées. (Benoit Nyemba et Aaron Ross; Eric Faye pour le service français)