(Actualisé avec Laurent Wauquiez §7 à 10)

PARIS, 4 janvier (Reuters) - Vincent Peillon craint l'importation du débat sur le mariage homosexuel dans les écoles privées, et les rappelle vendredi à leur devoir de neutralité.

Le secrétaire général de l'enseignement catholique a envoyé en décembre une lettre à ses chefs d'établissements, leur rappelant l'opposition de l'Eglise à ce projet gouvernemental, et suggérant la tenue de débats à ce sujet.

Le ministre de l'Education nationale y voit une "faute", et annonce vendredi dans Le Monde l'envoi aux recteurs d'un courrier leur demandant "la plus grande vigilance" par rapport à ces établissements.

"Il ne me semble pas opportun d'importer dans l'école le débat sur le mariage pour tous. Je considère même qu'en adressant une lettre aux chefs d'établissement, le secrétaire de l'enseignement catholique a commis une faute", déclare Vincent Peillon.

"Cet enseignement, qui est sous contrat avec l'Etat, doit respecter le principe de neutralité et de liberté de conscience de chacun", ajoute-t-il.

"N'oublions jamais que nous avons affaire à des adolescents et que les tentatives de suicide sont cinq fois plus fréquentes chez les jeunes qui se découvrent homosexuels que chez les autres."

Le député UMP Laurent Wauquiez a fortement condamné les propos de Vincent Peillon.

"FAIRE CULPABILISER LES CHRÉTIENS"

"C'est parfaitement scandaleux de laisser croire que la vision de la famille dans l'enseignement catholique serait responsable de suicides chez les jeunes homos", a-t-il dit au Figaro.

"Cela relève au mieux de l'ignorance, au pire du mépris pour l'enseignement catholique. C'est une grande manipulation politique qui cherche à faire culpabiliser les chrétiens et à faire croire que l'opposition au mariage homo et à l'adoption est le fait d'une minorité", a-t-il ajouté.

Pour lui, le projet de loi sur le mariage homosexuel "est d'abord la réforme du rejet, du mépris et de la haine à l'égard des religions", et en particulier des catholiques.

"Jamais on n'aurait accepté ces propos sur l'islam ou sur les juifs", dit-il, au sujet notamment d'un tweet de la ministre déléguée aux Personnes âgées, Michèle Delaunay, qui relayait le 28 décembre dernier les propos d'un invité d'une radio selon lesquels "Aujourd'hui les catholiques condamneraient la Sainte Famille : un mari qui n'était pas le père, une mère vierge."

Une manifestation contre le projet de mariage homosexuel, auquel toutes les religions monothésites sont opposées, est prévue dimanche 13 janvier.

Le texte introduisant cette réforme a été présenté le 7 novembre en conseil des ministres. Il doit être soumis à l'Assemblée fin janvier.

Deux millions d'enfants, soit quasiment un sur cinq est scolarisé dans le privé en France, rappelle Le Monde. (Chine Labbé, édité par Yves Clarisse)