BERLIN, 13 janvier (Reuters) - Resté jusqu'ici robuste, le marché allemand du travail n'est pas préparé pour une récession de longue durée mais le nombre moyen de demandeurs d'emplois devrait rester contenu sous la barre des trois millions cette année, estime Frank-Jürgen Weise, le président de l'Office fédéral du travail.

L'économie allemande s'est vraisemblablement contractée sur les trois derniers mois de 2012 - les chiffres ne seront pas connus avant février - mais les aides publiques, des mesures temporaires et la pénurie de travailleurs qualifiés rendent peu probables des destructions d'emplois à grande échelle.

Le taux de chômage de la première puissance européenne était stable à 6,9% en décembre, avec 2,942 millions de demandeurs d'emplois enregistrés, et les économistes n'attendent pas de changement notable cette année sauf forte détérioration de la situation économique en Europe et des perspectives mondiales.

Pour autant, Frank-Jürgen Weise s'attend à une année difficile.

"Le marché du travail pourrait résister à une récession profonde pendant un an au plus", dit-il dans une interview publiée samedi par le journal Die Welt.

"Les fonds de l'Office du Travail sont épuisés et les cotisations ont été réduites en 2012, ce qui nous prive de l'opportunité de reconstituer des réserves significatives".

Des années de modération salariale et de réformes structurelles ont permis au marché allemand du Travail de surmonter jusqu'ici la crise, contrairement à des pays comme l'Espagne où le chômage a atteint un record de 25% au troisième trimestre.

Le recours massif et subventionné au chômage partiel (Kurzarbeit) a en outre donné au pays suffisamment de flexibilité pour sortir plus rapidement que d'autres de la récession.

Dans l'interview, Frank-Jürgen Weise précise que l'agence qu'il dirige prévoit en moyenne 100.000 personnes en chômage partiel en 2013, mais pourra faire face jusqu'à 180.000 - soit le triple du nombre de 2012 - grâce à un budget de 600 millions d'euros constitué à cette fin.

Au plus fort de la récession en 2009, quelque 1,7 million d'Allemands ont bénéficié du Kurzarbeit. Des groupes industriels comme le constructeur automobile Opel et le sidérurgiste ThyssenKrupp ont d'ores et déjà fait savoir qu'ils y auraient de nouveau recours.

(Annika Breidthardt, Véronique Tison pour le service français)