Le poste est actuellement occupé par Arnaud Lagardère, dont le groupe éponyme a décidé de se retirer du capital du constructeur aéronautique européen, ainsi que l'allemand Daimler, ce qui a provoqué une nouvelle organisation d'EADS et de sa gouvernance.

Anne Lauvergeon, évincée en 2011 de la direction d'Areva, a été proposée par EADS pour devenir administratrice de la holding de défense chargée, dans le cadre de cette nouvelle gouvernance, de protéger les intérêts stratégiques des Etats français et allemand au sein du groupe aéronautique, précise Matignon.

C'est en tant que telle qu'elle entrerait aussi au conseil d'administration d'EADS, dont elle pourrait alors être nommée à la présidence.

"Le gouvernement y est très favorable", déclare-t-on dans l'entourage du Premier ministre. "En tant qu'actionnaire, nous pensons qu'elle a toute les qualités requises pour être présidente non exécutive d'EADS."

Matignon a ainsi confirmé des informations du Journal du Dimanche, propriété du groupe Lagardère.

Contacté par Reuters, EADS a refusé de commenter ces informations mais rappelé qu'il revenait in fine à l'Allemand Tom Enders, président exécutif d'EADS, de proposer les noms des futurs administrateurs au comité des nominations du groupe.

"Ce n'est pas l'Etat français qui décide, c'est Tom Enders et il va falloir que les Etats actionnaires le comprennent", dit-on de source proche de la direction du groupe. "Le but de la nouvelle gouvernance est de réduire l'influence des Etats."

Il reviendra ensuite au conseil d'administration, qui testera ainsi sa nouvelle indépendance, d'élire son président - ou sa présidente.

HOLLANDE ET MERKEL EN ONT PARLÉ

Toutefois, selon une source gouvernementale française, le président François Hollande et la chancelière Angela Merkel en ont parlé la semaine passée à Berlin, en marge du 50e anniversaire du traité franco-allemand de l'Elysée.

"Les Allemands sont sur la même ligne que nous et sont d'accord avec ce choix", dit-on par ailleurs à Matignon.

Selon les services du Premier ministre, l'ex-président de la Banque centrale européenne Jean-Claude Trichet, déjà membre du conseil d'administration d'EADS, y resterait et serait proposé pour le poste d'administrateur de la holding de défense - où la France et l'Allemagne auront chacune trois représentants.

Deux autres anciens patrons français sont également pressentis pour le conseil d'administration d'EADS: l'ex-PDG de Saint-Gobain Jean-Louis Beffa et l'ancien PDG d'Air France Bernard Attali.

"Leurs noms circulent effectivement et nous pensons qu'ils sont tout à fait qualifiés", souligne-t-on à Matignon.

En revanche, l'ancien président exécutif du groupe, Philippe Camus, aujourd'hui à la tête d'Alcatel et dont le nom a aussi circulé, n'est plus dans la course. Le gouvernement français n'était pas favorable à sa nomination au conseil d'administration d'EADS et à sa présidence, confirme l'entourage de Jean-Marc Ayrault.

"Le gouvernement français n'est pas favorable à ce que Philippe Camus quitte ses fonctions à Alcatel compte tenu de son rôle dans les circonstances actuelles", dit-on à Matignon.

"Alcatel a de grosses difficultés et est confronté à des changements et des enjeux important", explique-t-on de même source. "Il y a besoin de lui à Alcatel et ce n'était pas une bonne idée qu'il change pour EADS."

Selon le JDD, un conseil d'administration d'EADS doit se tenir d'ici quinze jours pour valider ces choix et les nominations seront rendues officielles par un vote des actionnaires lors d'une assemblée générale prévue fin mars. Ces dates ne sont cependant pas confirmées à ce stade par EADS.

Edité par Henri-Pierre André

par Emmanuel Jarry

Valeurs citées dans l'article : EADS, AREVA, ALCATEL-LUCENT, LAGARDERE S.C.A., Daimler AG