(Répétition sans changement d'une dépêche diffusée vendredi)

* Le S&P 500 a gagné près de 6% au 1er trimestre

* Le "Trump trade" s'est essoufflé en mars

* La valorisation des marchés d'actions américains en question

* La BCE commencera à diminuer ses rachats d'actifs en avril

* PMI, ISM et emploi US à l'agenda de la semaine

par Marc Angrand

PARIS, 3 avril (Reuters) - Des déceptions de courte durée, une tendance de fond toujours dominée par l'espoir de politiques favorables à la croissance et aux entreprises, et un "bruit de fond" politique finalement peu gênant: la dernière semaine du trimestre n'aura pas remis en cause l'état d'esprit général des marchés, très favorable aux actions ces derniers mois.

La période janvier-mars se solde par une hausse de 5,7% pour le Standard & Poor's 500 à New York, de 5,2% pour l'indice européen Stoxx 600 et de 4,7% pour le CAC 40 à Paris, qui évolue au plus haut depuis août 2015, tandis que le Dax à Francfort, avec un gain de 6,7% en trois mois, évolue à des plus hauts historiques.

Le trimestre a toutefois connu deux phases bien distinctes: la première, dans la continuité du rally déclenché par la victoire de Donald Trump à la présidentielle américaine, a favorisé les actions alors que le mois de mars a été marqué par le doute, Wall Street marquant le pas tandis que le dollar tombait à un plus bas de quatre mois.

Une dichotomie particulièrement marquée pour les valeurs financières américaines: après un gain de plus de 8% sur janvier-février, elles ont cédé près de 5% en mars.

Malgré tout, et même si l'échec de la réforme de l'Obamacare au Congrès, premier revers politique de taille pour le président américain, a désagréablement surpris, c'est bien le "Trump trade", l'espoir suscité par les promesses de baisses d'impôt et de dérégulation - notamment financière -, qui a soutenu les marchés ces trois derniers mois.

Au point de faire passer presque inaperçu le déclenchement formel du "Brexit" par la Grande-Bretagne et de reléguer au second plan la crainte d'une poussée populiste dans plusieurs pays européens.

Résultat: la valorisation de Wall Street a atteint des niveaux historiquement élevés, le S&P 500 affichant un ratio cours/bénéfice (PER) de 18,0 selon les données Thomson Reuters, supérieur de trois points à sa moyenne historique. Un niveau qui suscite désormais le débat parmi les investisseurs.

HORIZON NET POUR LA FED, INTERROGATIONS SUR LA BCE

"Le marché est cher dans l'environnement d'aujourd'hui; il ne l'est plus dans l'hypothèse d'une baisse d'impôts", dit ainsi Christophe Donay, responsable de l'allocation d'actifs et de la recherche macroéconomique de Pictet Wealth Management, en référence à la forte réduction du taux d'imposition des bénéfices promise par Donald Trump.

"On aura au deuxième trimestre une meilleure idée de la capacité de Donald Trump à parvenir à un consensus autour de lui. Les mesures économiques viendront après", explique-t-il.

Toby Nangle, responsable de l'allocation d'actifs de Columbia Threadneedle Investments, juge au contraire qu'un repli des actions américaines est justifié, arguant de la conjonction entre le risque de voir Trump incapable de concrétiser la relance budgétaire et celui d'entendre la Réserve fédérale siffler "la fin de la récréation" en relevant de nouveau ses taux.

La Fed semble pour l'instant préparer les esprits à deux hausses de taux d'ici la fin de l'année après celle décidée mi-mars. Le baromètre FedWatch de CME Group montre une probabilité de 50% d'une hausse d'un quart de point d'ici fin juin, la troisième hausse de 2017 étant attendue plutôt au quatrième trimestre.

Si ce scénario est relativement bien intégré, la Banque centrale européenne (BCE) suscite davantage d'interrogations, ses responsables semblant désormais partagés entre la volonté de préparer le terrain à un début de désengagement de la politique d'assouplissement quantitatif (QE) et le risque de susciter des anticipations exagérées sur les marchés.

PMI, ISM ET EMPLOI US VONT ANIMER LA SEMAINE

Seule certitude: avril marque pour la BCE un premier pas vers la normalisation de la politique monétaire avec la diminution des achats d'actifs, ramenés de 80 à 60 milliards d'euros par mois.

Avant d'aller plus loin, l'institution pourrait attendre d'en savoir plus sur l'évolution du risque politique en zone euro, et donc l'issue des rendez-vous électoraux français et allemand.

De ce point de vue, le mois de mars aura permis de lever l'inconnue néerlandaise et de soulager certains investisseurs: selon les dernières données de Bank of America-Merrill, l'afflux net de capitaux vers les fonds spécialisés en actions européennes a atteint 1,5 milliard de dollars la semaine dernière, son plus haut niveau depuis plus d'un an.

La saison des résultats du premier trimestre, qui ne débutera que mi-avril, permettra de vérifier si les espoirs de croissance soutenue des bénéfices (+8,1% sur un an pour le Stoxx 600, +10,1% pour le S&P 500 selon le consensus Thomson Reuters) sont justifiés.

Côté macroéconomique, il faudra attendre fin avril et les premiers chiffres du produit intérieur brut (PIB) aux Etats-Unis, en Grande-Bretagne pour savoir si les niveaux historiquement élevés atteints récemment par de nombreux indicateurs de sentiment, des indices PMI Markit à l'Ifo allemand en passant par la confiance des ménages américains, préfigurent bien une accélération de la reprise.

En attendant, la semaine à venir sera animée entre autres par les PMI définitifs de mars, les indices de confiance ISM aux Etats-Unis et l'enquête trimestrielle "tankan" au Japon, puis vendredi par le rapport mensuel sur l'emploi américain.

Dans ce dernier, les investisseurs surveilleront particulièrement les chiffres des salaires aux Etats-Unis, à l'heure où la remontée de l'inflation semble marquer le pas avec le reflux des prix de l'énergie.

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L'AGENDA ÉCONOMIQUE FRANCE: (édité par Blandine Hénault)