(Actualisé avec revendication de l'assassinat)

LE CAIRE, 28 janvier (Reuters) - L'ancien président égyptien Mohamed Morsi a comparu mardi devant un tribunal installé à l'académie de police du Caire pour répondre d'accusations liées à une évasion collective de prisonniers lors du soulèvement contre Hosni Moubarak en 2011.

Issu des Frères musulmans, Mohamed Morsi, déposé par l'armée le 3 juillet dernier, un an après son élection, doit être jugé au total dans quatre affaires distinctes.

Le procès de mardi porte sur l'évasion collective de la prison de Wadi el Natroune, où il était incarcéré avec plusieurs responsables des Frères musulmans, durant la révolution de janvier-février 2011.

Lui et les 131 autres prévenus, dont certains sont toujours en fuite, sont accusés d'avoir enlevé et tué des policiers au cours de leur évasion.

Quelques heures avant l'ouverture du procès, un responsable du ministère égyptien de l'Intérieur a été abattu devant son domicile au Caire.

Le général Mohamed Saïd, qui dirigeait le bureau technique au cabinet du ministre de l'Intérieur, a été pris pour cible par des hommes armés circulant sur un deux-roues, a confirmé le ministère. Ansar Baït al Makdis, mouvement djihadiste établi dans le Sinaï qui se réclame d'Al Qaïda, a revendiqué son assassinat.

"C'est un signe des événements à venir", a commenté Anna Boyd, analyste d'IHS Jane's à Londres. "La probable candidature du (maréchal Abdel Fattah al) Sissi à l'élection présidentielle va accentuer l'hostilité entre l'armée et les islamistes."

Contrairement aux précédentes audiences judiciaires, Mohamed Morsi comparaissait cette fois derrière une cage vitrée munie d'un dispositif de sonorisation contrôlé par la cour et n'a pu s'exprimer à sa guise.

Il a cependant réaffirmé qu'il se considérait toujours comme le président légitime d'Egypte et a demandé à la justice de ne pas se faire le bras armé d'une revanche politique.

"Qui êtes-vous ? Ignorez-vous donc qui je suis ?, a-t-il hurlé au juge.

-- Je suis le chef du tribunal pénal d'Egypte", lui a répondu le magistrat.

D'autres dirigeants des Frères musulmans comparaissaient également, regroupés dans une autre cage de verre.

D'après les médias, des Palestiniens sont au nombre des 132 co-accusés dont plusieurs sont toujours en fuite. D'après les autorités égyptiennes, le Hamas palestinien aurait aidé les dirigeants islamistes à s'enfuir de la prison de Wadi el Natroune. (Maggie Fick et Michael Georgy; Bertrand Boucey, Henri-Pierre André et Jean-Philippe Lefief pour le service français)