PARIS, 14 janvier (Reuters) - Le président de l'Association des maires ruraux (AMRF) a salué lundi une "prise de conscience" d'Emmanuel Macron, qui semble selon lui vouloir davantage reconnaître le rôle des maires, mais reste "attentif" aux mesures qui seront prises à l'issue du grand débat national.

Vanik Berberian a remis au chef de l'Etat une synthèse des milliers de doléances recueillies dans les mairies rurales depuis le début du mois de décembre, qui traduisent un besoin de justice sociale et fiscale et d'une réorganisation des territoires et de la vie démocratique.

"Il a, depuis le début de son mandat, regardé les élus de manière un petit peu distraite, comme tous les corps intermédiaires. Et aujourd'hui, il se rend compte que c'est un mode de relation qui pose problème, que s'il n'y a pas ces intermédiaires, la relation est compliquée", a dit Vanik Berberian après sa rencontre avec Emmanuel Macron.

"Le fait qu'il ait affiché très clairement sa volonté de reconnaître les maires et de les impliquer dans la démarche qui va suivre, c'est quelque chose d'important, c'est une prise de conscience importante qu'on peut saluer", a-t-il ajouté.

Vanik Berberian a dit se montrer "attentif" aux débouchés du débat, qui sera lancé mardi pour répondre à la crise des "Gilets jaunes", et dont les modalités ont été précisées par Emmanuel Macron dans une lettre aux Français.

"Le grand débat va apporter, on l'espère, un matériau intéressant et charge à (Emmanuel Macron) d'en tirer parti. On l'a dit très clairement, si le sujet c'était de nous ressortir la phrase : 'je vous ai compris mais on va continuer comme avant', évidemment, c'est un gros risque et un problème de stratégie", a-t-il ajouté.

Vanik Berberian a regretté qu'Emmanuel Macron fixe des lignes rouges au débat : "Il invite à l'expression mais en même temps, il donne des bornes et des thématiques sur lesquelles il ne reviendra pas", une allusion au refus du chef de l'Etat de revenir sur la réforme de l'ISF.

Il a souligné que les maires étaient libres de s'impliquer ou non dans l'organisation du débat, tout en invitant les élus à s'engager.

"L'inaction est parfois très très coupable. Il vaut mieux tenter quelque chose plutôt que de ne rien faire", a-t-il dit.

L'Association des maires de France (AMF) a quant à elle refusé d'adouber l'initiative de l'exécutif, craignant de voir les élus locaux associés à un éventuel échec. (Caroline Pailliez, édité par Jean-Baptiste Vey)