* Les rebelles ont pris Diabaly dans le centre-ouest

* Quatrième jour de frappes françaises

* Les islamistes menacent la France de représailles

* Le Conseil de sécurité se réunit (Actualisé avec aides, Fabius, Vigipirate, aide internationale, précisions)

par Bate Felix et Alexandria Sage

BAMAKO/PARIS, 14 janvier (Reuters) - La France a poursuivi lundi son intervention militaire au Mali contre les rebelles islamistes, qui ont lancé une contre-offensive et se sont emparés d'une localité du centre-ouest du pays, Diabaly.

Au quatrième jour de l'opération Serval qui vise à stopper la progression des islamistes vers la capitale, Bamako, en bombardant leurs positions dans le Nord, les forces françaises et l'armée malienne sont confrontées à "un point difficile" dans l'Ouest, a dit le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian.

Le Conseil de sécurité des Nations unies est en réunion pour examiner l'évolution de ce dossier.

Les ministres européens des Affaires étrangères tiendront une réunion exceptionnelle dans la semaine pour "faire le point sur les actions européennes possibles en soutien au gouvernement (malien)", a déclaré la Haute Représentante de l'UE pour les Affaires étrangères, Catherine Ashton.

Malgré la prise de Diabaly, située à 350 km au nord de Bamako, le ministre français de la Défense a estimé que la situation évoluait "favorablement". "Dans l'est du Mali, l'initiative des groupes terroristes a été bloquée, la ville de Konna a été abandonnée et les groupes terroristes ont effectué un repli vers Douentza.".

"Sur Gao, il y a eu hier un certain nombre de tirs ciblés sur la base arrière du groupe Mujao qui a donné des résultats extrêmement tangibles et qui a abouti à une dispersion de ce groupe terroriste vers l'Est et au Sud", a ajouté le ministre.

A Diabaly, les soldats français et maliens tentant de reprendre la ville se heurtaient aux islamistes criant "Dieu est le plus grand", ont rapporté des habitants.

Les rebelles du Mujao, le Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'Ouest (Mujao), qui ont imposé un respect très strict de la charia, la loi coranique, dans leur fief de Gao, ont menacé la France de représailles par la voie de leur porte-parole, Omar Ould Hamaha, surnommé le "barbu rouge".

"LES PORTES DE L'ENFER"

"Les Mirage ont bombardé Gao. Ils étaient à 13.000 mètres d'altitude. Qu'ils descendent sur le terrain si c'est des hommes !", a-t-il dit par téléphone sur Europe 1. "La France a ouvert, pour tous les Français, les portes de l'enfer. Elle est tombée dans un piège beaucoup plus dangereux que l'Irak, l'Afghanistan ou la Somalie. Et ça n'est que le commencement!", a-t-il ajouté.

Jean-Yves Le Drian a estimé qu'il était " normal" que le Mujao, "très largement touché par les interventions d'hier après-midi (...) réagisse, comme d'habitude, par du chantage sur les populations".

Le plan Vigipirate de protection des lieux publics et des infrastructures de transport a été renforcé en France. (voir )

La France, qui entend déployer 2.500 hommes au Mali en appui à l'armée malienne et à une force ouest-africaine qui devrait compter 3.300 soldats, a réaffirmé qu'elle n'avait pas vocation à agir seule contre les djihadistes au Mali.

Son ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius a ainsi précisé que le Royaume-Uni fournissait des avions de transport et que l'Allemagne "examinait" une aide logistique, humanitaire et médicale.

L'Allemagne a toutefois exclu d'envoyer des soldats dans ce pays d'Afrique de l'Ouest.

Le Canada va envoyer un avion de transport militaire C-17. La Grande-Bretagne a également fourni deux C-17 pour transporter du matériel médical français, des chars et d'autres équipements vers le Mali.

La Belgique et le Danemark fournissent aussi des moyens de transport.

LIMITER LES RISQUES POUR LES OTAGES

Les Etats-Unis échangent des informations avec les forces françaises et envisagent de leur fournir un appui dans les domaines de la logistique, de la surveillance et du transport aérien, ont confirmé lundi des responsables du Pentagone.

"Il est de notre responsabilité de pourchasser les gens d'Al Qaïda partout où ils se trouvent", a dit aux journalistes le secrétaire américain à la Défense, Leon Panetta, à bord de l'avion qui le conduisait en Europe où il va effectuer une tournée d'une semaine.

"Il est également de notre responsabilité de nous assurer qu'Al Qaïda n'établisse pas au Mali une base pour ses opérations en Afrique du Nord", a-t-il ajouté.

Parallèlement, les préparatifs du déploiement d'une force constituée par des pays d'Afrique de l'Ouest, la Mission de soutien au Mali (Misma), s'accélèrent.

Laurent Fabius a précisé que le Nigeria fournirait 600 hommes, le Niger, le Burkina Faso, le Togo et le Sénégal environ 500 chacun et le Bénin 300. Le Tchad fournira aussi un contingent et d'autres soutiens encore sont annoncés.

Laurent Fabius a aussi dit que tout était mis en oeuvre pour limiter les risques concernant les huit otages français détenus au Sahel par des islamistes. "Mais ce n'est pas en laissant le Mali devenir un sanctuaire terroriste que nous protégerons les otages."

François Hollande, qui se rend aux Emirats arabes unis mardi, tiendra mercredi un conseil de défense restreint après le conseil des ministres, a dit l'Elysée.

Selon un sondage Ifop pour La Lettre de l'opinion réalisé du 12 au 13 janvier et diffusé lundi, 63% des Français se disent favorables à l'opération au Mali, contre 37% qui y sont hostiles.

L'Otan a apporté lundi son soutien à l'opération française au Mali, précisant ne pas avoir reçu de demande d'aide. L'Union européenne doit envoyer prochainement au Mali des formateurs pour l'armée nationale. (Adama Diarra et Tiemoko Diallo à Bamako; Gérard Bon, Yann Le Guernigou, Sophie Louet, Emmanuel Jarry, Marine Pennetier, Julien Ponthus et Marc Parrad à Paris; Hélène Duvigneau et Danielle Rouquié pour le service français, édité par Guy Kerivel)