par Sam Edwards

BARCELONE, 30 septembre (Reuters) - Des partisans de l'indépendance de la Catalogne ont commencé vendredi soir à occuper des bureaux de vote en prévision du référendum d'autodétermination prévu dimanche, que les autorités espagnoles sont déterminées à bloquer.

Ces occupations pourraient dégénérer en affrontements avec les milliers de policiers que Madrid a déployés en renfort pour empêcher une consultation que le gouvernement espagnol juge illégale.

Carles Puigdemont, le président de la région autonome de Catalogne, dans le nord-est de l'Espagne, a pour sa part assuré que le vote aurait bien lieu. "Tout est prêt dans les plus de 2.000 bureaux de vote afin qu'ils disposent d'urnes et de bulletins et de tout ce qui est nécessaire pour que le peuple exprime son opinion", a-t-il dit à Reuters.

Un dernier meeting de campagne a rassemblé vendredi soir des partisans de l'indépendance à Barcelone. Au son d'un orchestre, des participants ont formé le slogan "le référendum est la démocratie" en lettres blanches sur scène devant une foule en liesse, au sein de laquelle de nombreuses personnes arboraient le drapeau jaune et rouge de la Catalogne.

L'enthousiasme était aussi de mise parmi les personnes qui s'apprêtaient à camper dans des bureaux de vote dont la justice espagnole a ordonné la fermeture.

Dans une école de Barcelone, Hector a rapporté que cinq ou six familles passeraient la nuit sur place. "Nous voulons être certains que l'école restera ouverte pour ses activités et pendant la nuit quand ils pourraient venir pour nous expulser ou la vider, il y aura des familles qui dormiront sur place et des gens dans la rue", a dit cet homme de 43 ans.

Le chef de la police régionale de Catalogne a ordonné à ses troupes d'évacuer et de fermer les bureaux de vote avant 06h00 dimanche, soit trois heures avant le début prévu de la consultation.

"IL N'Y AURA PAS DE RÉFÉRENDUM", INSISTE LE GOUVERNEMENT

Dans une note interne publiée par le journal La Vanguardia, Josep Lluis Trapero insiste sur le fait que la force ne doit être employée qu'en dernier recours.

"A tout moment, avant de recourir à la force, vous devez tenir compte des conséquences que peut avoir cette intervention policière et éviter d'aggraver cette situation, particulièrement en présence d'enfants, de personnes âgées ou d'autres personnes vulnérables parmi la foule", est-il écrit dans ce document dont l'authenticité a été confirmée par un porte-parole de la police catalane.

Cette dernière, appelée les Mossos, est assez populaire dans la région, surtout depuis les attaques islamistes à Barcelone et Cambrils en août.

"Les Mossos sont venus voir ce que nous faisions et ils ont vu qu'on faisait une fête", a dit Ferran Taberner, présent à l'école avec sa fille. "Si cela se complique, nous resterons paisiblement à l'intérieur et ils ne nous chasseront pas."

Carles Puigdemont assure que les autorités catalanes gardent plus de 6.000 urnes dans des lieux tenus secrets.

La police a saisi des milliers de bulletins de vote et la justice a infligé des amendes et menacé d'arrêter les responsables régionaux participant à l'organisation du scrutin.

A Madrid, le gouvernement demeure fermement opposé à ce référendum au nom de la Constitution de l'Espagne qui proclame le pays indivisible. Il a aussi exprimé l'espoir que le calme prévale dimanche.

"J'insiste sur le fait qu'il n'y aura pas de référendum le 1er octobre", a dit le porte-parole du gouvernement, Inigo Mendez de Vigo.

Une vaste foule de partisans de l'indépendance pourrait se réunir dimanche à Barcelone, dont l'espace aérien sera partiellement fermé sur ordre du gouvernement central. (Avec Paul Day, Raquel Castillo, Inmaculada Sanz et Angus Berwick; Bertrand Boucey pour le service français)