Zurich (awp) - Les bénéfices réalisés par la Banque nationale suisse (BNS) devraient être utilisés pour assurer la pérennité du système de retraite suisse, l'AVS, dont la réforme doit être approuvée lors d'une votation fédérale le 25 septembre. C'est ce qui ressort d'un sondage de la banque Raiffeisen, qui recommande aussi de rendre le 3e pilier plus accessible.

La votation sur la réforme de l'assurance-vieillesse et survivants (AVS) prévoit un relèvement de l'âge de la retraite des femmes - qui doit atteindre 65 ans pour les deux sexes - et l'augmentation de la taxe sur la valeur ajoutée (TVA). Ces deux points doivent être acceptés afin que la réforme AVS21 soit validée.

Face à l'augmentation plus importante du nombre de personnes à la retraite que celles en âge de travailler, le financement de l'AVS va se trouver déséquilibré. Après avoir été positif depuis 2020 grâce à l'augmentation du taux de cotisation de 0,3% approuvé par la réforme de 2019, les défis démographiques risquent de plonger l'AVS dans les chiffres rouges à partir de 2025, selon les projections de l'Office fédéral des assurances sociales (Ofas). Ce qui signifie concrètement qu'elle ne sera plus en mesure d'honorer ses obligations en matière de retraite.

La baisse du taux de conversion représente un autre défi, a souligné jeudi Daniel Greber, directeur de l'institut Risque et assurance à la la haute école zurichoise ZHAW, en marge d'une conférence de presse. Le recul de ce taux ces cinq dernières années représente en effet une baisse de 25% de la retraite.

"Au cours des dix dernières années, l'AVS a principalement souffert de pertes de répartition en raison de l'évolution démographique et les caisses de pension se trouvent dans une situation financière difficile, avec des prestations proches du minimum légal", a résumé la banque coopérative saint-galloise dans son baromètre de la prévoyance 2022.

Pour réformer la prévoyance vieillesse, trois variantes sont possibles: une augmentation des cotisations, une réduction des prestations et le relèvement de l'âge de la retraite.

Selon le sondage réalisé par la banque, une majorité (76,5%) des personnes interrogées souhaite une nouvelle réglementation de l'âge de la retraite. En première place, avec 35,8%, on trouve l'âge de la retraite à 65 ans pour les hommes et les femmes tel que proposé dans la réforme. A peine 20,9% de la population est favorable au maintien du statu quo, un âge de la retraite à 64 ans pour les femmes et 65 ans pour les hommes.

En ajustant l'âge de la retraite, les autorités espèrent réduire le déficit de l'AVS grâce aux cotisations supplémentaires versées par les femmes, qui par conséquent percevraient leur retraite un an plus tard.

Supprimer la pénalisation pour les couples mariés

Près de 60% des personnes interrogées souhaitent par ailleurs supprimer la pénalisation du mariage dans l'AVS. Actuellement, les rentes AVS des couples mariés sont plafonnées à 150% des rentes individuelles.

D'après les prévisions de l'Ofas, l'AVS se trouvera d'ici quelques années dans une situation financière critique. Quelque 56,7% des personnes interrogées estiment donc que les bénéfices de la Banque nationale suisse (BNS) doivent donc en partie soutenir l'AVS. Seuls 17,9% plaident pour un relèvement de la TVA.

Parmi les trois piliers que constituent le système de retraite suisse, la prévoyance vieillesse privée représentée par le 3e pilier remporte la confiance la plus élevée parmi les sondés, quant à sa solidité et pérennité. Mais il faudrait créer des incitations supplémentaires afin que cette possibilité soit davantage utilisée, a noté Raiffeisen.

Pour améliorer l'attrait du 3e pilier, il faudrait notamment renforcer les versements dans les dépôts de titres, par exemple des fonds de placements, car trop de sommes en numéraire se trouvent actuellement dans les comptes de la prévoyance privée, a souligné Roland Altwegg, membre de la direction de Raiffeisen. Une autre piste serait également de supprimer le plafond de versement et de permettre des paiements supplémentaires dans le 3e pilier, notamment pour rattraper un retard de cotisation.

M. Altwegg plaide également auprès des cotisants pour des versements mensuels automatisés, afin d'arriver à atteindre le montant annuel maximal autorisé pour le 3e pilier.

Le sondage de Raiffeisen a été réalisé en ligne au mois de juin auprès de 1006 personnes âgées de 18 à 65 ans dans l'ensemble de la Suisse.

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