Si une large majorité d'économistes s'attend à ce que la BCE laisse son principal taux à 0,75% jeudi lors de sa réunion de politique monétaire mensuelle, la suite des opérations est loin de faire consensus.

Une courte majorité - 38 des 73 analystes interrogés ces derniers jours - pense que les taux resteront inchangés pendant les trois prochains mois. Une majorité encore plus courte dit dans le même temps s'attendre à une baisse de 25 points de base d'ici fin juin.

Cette différence de perception chez les économistes traduit celle qui divise aussi les décideurs, partagés en deux écoles de pensée.

Il y a d'un côté ceux qui mettent en avant les mauvais chiffres du quatrième trimestre, qui suggèrent une aggravation de la récession dans la zone euro et justifient, selon eux, une nouvelle baisse des taux, même si l'effet d'une telle mesure serait limité, les taux étant déjà proches de zéro.

De l'autre côté, il y a ceux qui soulignent que le président de la BCE, Mario Draghi, n'a pas exprimé l'intention de baisser les taux depuis la dernière initiative du genre, en juillet. Il semble au contraire attendre que le programme de rachat d'obligations souveraines commence à porter ses fruits.

Pour cette école de pensée, il est donc probable que la BCE reste sur une position attentiste, au moins dans les prochains mois.

LES BANQUES RESPIRENT

"Le Conseil (des gouverneurs de la BCE) est divisé, les perspectives sont incertaines", résume Alan Clarke, économiste chez Scotiabank, selon lequel il suffirait cependant que l'horizon économique se clarifie - en mieux ou en pire - pour qu'un consensus émerge à nouveau.

Alan Clarke fait partie de ceux qui pensent que le Conseil des gouverneurs, déjà très pessimiste sur les perspectives à court terme, ne réagira que si la situation se dégrade de manière spectaculaire.

L'économie de la zone euro s'est contractée au cours des trois premiers trimestres de 2012, avec un produit intérieur brut (PIB) en recul de 0,6% sur un an en juillet-septembre. L'estimation flash du quatrième trimestre est attendue le 14 février.

L'enquête Reuters a été réalisée avant que le Comité de Bâle ne décide d'assouplir les nouveaux ratios de liquidité des banques et de leur accorder plus de flexibilité pour se constituer des réserves.

Selon une autre enquête Reuters publiée lundi, les traders s'attendent à ce que les banques remboursent à la BCE jusqu'à 100 milliards d'euros de crédits à trois ans dès qu'elles en auront l'opportunité, le 30 janvier.

La BCE a lancé deux grandes opérations de prêts à trois ans aux banques, en décembre 2011 et février 2012, pour un montant total supérieur à mille milliards d'euros.

Les banques ont jusqu'à décembre 2014 et février 2015 pour rembourser ces crédits, mais elles pourront commencer à le faire dès le 30 janvier et les traders estiment qu'elles saisiront cette occasion en mettant à profit les liquidités importantes dont elles disposent.

Andy Bruce, Tangi Salaün pour le service français

par Andy Bruce