par Khaled Yacoub Oweis

AMMAN, 26 janvier (Reuters) - Plus de 20 personnes ont été tuées samedi à Homs par les forces de Bachar al Assad, a déclaré un médecin sur place, alors que les combats font rage non loin de cette ville pour le contrôle d'une voie stratégique de ravitaillement pour les troupes du régime.

L'opposition accuse les milices chabiha fidèles au régime d'avoir tué environ 200 civils sunnites à Homs dans divers massacres commis au cours des deux dernières semaines. Ces affirmations sont difficiles à vérifier de manière indépendante.

Dans une vidéo tournée dans un hôpital de fortune, Mohammad Mohammad, un médecin prodiguant clandestinement des soins depuis des mois, montre cinq cadavres calcinés au point d'être méconnaissables.

"Voici la famille Ouzam. Le père, la mère et les trois enfants. Les chabiha les ont entièrement brûlés, dans le cadre de la politique d'anéantissement que le régime impose au secteur de Djobar-Kfar Aaya", dit ce médecin en citant des quartiers de Homs.

"Nous sommes ici assiégés. Nous avons eu plus de 20 morts aujourd'hui. Ils ont été recensés par leurs noms", ajoute-t-il. Il précise que les victimes sont mortes au combat, dans des bombardements et dans le cadre d'exécutions sommaires.

Le conflit en Syrie a fait plus de 60.000 morts depuis mars 2011, selon l'Onu. Centre commercial et agricole situé à 140 km au nord de Damas, Homs est au coeur du soulèvement contre le régime depuis 22 mois.

"MINI-ÉTAT"

Les autorités n'ont fait aucun commentaire sur les derniers combats dans cette ville.

S'exprimant à Istanbul après s'être rendu à Homs, Mohamed Mroueh, membre du Conseil suprême de la direction de la révolution syrienne, a déclaré à Reuters: "Les rebelles tiennent bon mais les chabiha s'en prennent aux civils. Il est difficile de décrire ce qui est en train de se passer autrement qu'en terme de nettoyage ethnique des quartiers sunnites se trouvant sur les voies de ravitaillement alaouites."

Bachar al Assad est issu de la minorité alaouite de Syrie.

D'après des sources au sein de l'opposition, une autoroute passant près de Homs sert au régime à acheminer du ravitaillement en provenance des villes côtières de Tartous et Lattaquié, où vivent de fortes communautés alaouites, à destination des forces déployées sur les collines autour de Damas.

Les sunnites craignent que Bachar al Assad ne cherche à intégrer Homs dans une enclave alaouite s'étirant depuis la côte au cas où il soit contraint de quitter Damas.

"Les massacres gagnent en ampleur et Bachar al Assad a commencé à tracer les frontières de ce mini-Etat et à y associer les alaouites en faisant couler toujours plus de sang afin qu'ils n'aient d'autre choix que de se joindre à lui", écrit l'opposant Fawaz Tello dans un article publié sur le site internet All4Syria. (Bertrand Boucey pour le service français, édité par Jean-Philippe Lefief)