par Shaimaa Fayed et Tamim Elyan

LE CAIRE, 25 décembre (Reuters) - Avec la proclamation officielle des résultats du référendum sur la Constitution, le pouvoir égyptien espère clore mardi des mois de troubles politiques afin de s'attaquer aux graves difficultés économiques du pays.

Les décomptes officieux effectués par les Frères musulmans au pouvoir établissent que la nouvelle loi fondamentale a été approuvée par 64% des votants lors du référendum des 15 et 22 décembre, pour un taux de participation d'environ 33%, et le résultat officiel, attendu à 17h00 GMT, ne devrait guère réserver de surprises.

Le président Mohamed Morsi considère que l'adoption de la Constitution, qui ouvrira la voie à des législatives dans un délai de deux mois, mettra un terme à la longue et turbulente période post-révolutionnaire qui a suivi la chute d'Hosni Moubarak en février 2011.

Mais certains commentateurs estiment que la méthode forte employée par le chef de l'Etat pour faire passer le texte n'a fait que galvaniser l'opposition, qui dénonce une constitution dangereuse pour les libertés, les droits des femmes et des minorités, dont les chrétiens coptes (10% de la population).

Le président ne pourra donc pas s'appuyer sur un consensus national pour affronter les problèmes économiques.

Le déficit budgétaire égyptien a atteint 11% du produit intérieur brut dans l'année fiscale à juin 2012 et devrait s'élever encore cette année à 10% du PIB. La dette publique représente 70% de la richesse nationale, un montant très élevé pour un pays en développement.

L'agence de notation américaine Standard & Poor's a abaissé lundi la note souveraine à long terme de l'Egypte, qui a limité les mouvements d'argent à 10.000 dollars afin d'atténuer la pression sur la livre égyptienne et de prévenir tout retrait d'argent massif de la part des épargnants.

STABILITE ET SECURITE

Dans un communiqué, le Premier ministre Hicham Kandil a "souligné l'importance de la stabilité politique et de la sécurité pour la période à venir, pour que les investisseurs étrangers puissent revenir sur le marché égyptien, ainsi que les rentrées du tourisme qui aident à soutenir les réserves en devises et à réduire le déficit budgétaire".

"Les principaux objectifs sur lesquels travaille aujourd'hui le gouvernement sont la réduction du déficit budgétaire, et l'augmentation de la croissance pour augmenter l'emploi, réduire l'inflation et accroître la compétitivité des exportations égyptiennes", a-t-il ajouté.

Hossam El-Din Ali, un vendeur de journaux de 35 ans dans le centre du Caire, craint une vague d'austérité. "Les gens ne veulent pas de hausse des prix. Ils en ont assez de toute ça. C'est la récession, rien ne bouge, mais je souhaite le meilleur, si Dieu le veut", dit-il.

Mohamed Morsi a renoncé à augmenter des taxes sur de nombreux produits comme les boissons alcoolisées, le tabac ou les téléphones mobiles peu avant la première phase du référendum, mais il pourrait devoir revenir sur ces décisions pour obtenir un prêt du Fonds monétaire international (FMI) de 4,8 milliards de dollars.

Face à la colère populaire que ces mesures ne manqueraient pas de provoquer, les Frères musulmans, qui avec les salafistes ont balayé l'opposition laïque et libérale lors des premières législatives de l'après-Moubarak l'hiver dernier, auraient la tâche plus difficile lors des prochaines échéances électorales. (Jean-Stéphane Brosse pour le service français)