Vendredi 12
avril
Le point hebdo de l'investisseur
intro Malgré des premières publications de sociétés bien accueillies, le report du Brexit au 31 octobre et des propos très accommodants des banques centrales (Fed et BCE), les places financières ont évolué en ordre dispersé cette semaine, après avoir inscrit de nouveaux records annuels. Les banques se sont redressées sur la séquence hebdomadaire alors que les valeurs à caractère plus défensif ont subi des dégagements, prouvant que l'aversion au risque demeure inexistante.
Indices

Sur la semaine écoulée, les places financières ont enregistré une performance positive, exception faite de l'Asie qui a subi quelques prises de bénéfices.
C'est cette fois la Chine qui enregistre le plus fort repli, avec -1.8%, affichant néanmoins la meilleure performance depuis le 1er janvier (+27.9%). Le Hang Seng a, pour sa part, perdu 0.46% et le Nikkei 0.3%.

Aux Etats-Unis, à l'heure de la rédaction de ce point hebdomadaire, le Dow Jones perd 0.3%, le S&P500 gagne 0.3% et le Nasdaq100 s'adjuge 0.6%.
En Europe, le CAC40 gagne 0.4%, le Dax est stable et le Footsie cède 0.35%, après le report du Brexit. Pour les pays périphériques de la zone euro, le Portugal engrange 1.3% alors que l'Espagne recule de 0.6%.

Rebond violent de l'indice chinois, après l'extraction de son trend baissier

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Matières premières

En dépit des inquiétudes de l'AIE concernant le niveau des prix pétroliers, qui pourrait détruire de la demande, les cours du Brent et du WTI ont progressé sur la semaine, tutoyant une nouvelle fois les plus hauts annuels. Les effets des coupes de l'OPEP+ perdurent, accentués par le nouveau déclin de la production vénézuélienne. A plus court terme, le marché surveille attentivement les affrontements armés en Libye, susceptibles de perturber l'offre du pays. Dans ce contexte, le Brent se traite autour de 71.6 USD tandis que le WTI se maintient au-dessus de 64 USD.

Malgré un goût pour le risque toujours intact, les métaux précieux se sont stabilisés sur la semaine, en grande partie grâce à une détente du billet vert. A ce titre, l'or et l'argent se négocient respectivement autour de 1295 et 15.06 USD l'once.
La phase de consolidation se poursuit sur le compartiment des métaux industriels, à l'image du cuivre, du nickel ou encore de l'aluminium dont les cours oscillent horizontalement. Seul le zinc bénéficie d'une tendance haussière en se rapprochant de la zone des 3000 USD la tonne métrique.
Marchés actions

Vestas Wind Systems se positionne comme le numéro un de la conception d'éoliennes. Le groupe danois a opéré un spectaculaire redressement ces dernières années et a ainsi retrouvé le chemin de la profitabilité.
Le spécialiste de l'énergie verte bénéficie d'une croissance modérée mais régulière, sur un créneau porteur. Ainsi, il offre un profil plus défensif. La société Vestas affiche un rating Surperformance qualitatif, notamment en termes de solidité financière, de valorisation et de momentum. Ses prévisions de chiffre d'affaires sont en forte hausse, la classant parmi les meilleures au monde sur ce critère fondamental.
Les performances fondamentales se manifestent dans le récent parcours ascensionnel de l'action, en se rapprochant de ses plus hauts historiques à 645 DKK, d'août 2008. Intégrée dans l'OMX 20 de Copenhague, Vestas Wind Systems capitalise 18.5 milliards de dollars et réalise une des avancées les plus dynamiques à l'intérieur de l'indice (20% sur 2019).

Retour du titre Vestas sur ses plus hauts historiques

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L'action danoise connaît une avancée dynamique, validée par un pull-back récent (A).
Marché obligataire

Après un énième discours « dovish » des banques centrales, le marché obligataire des emprunts souverains affiche communément des rendements faibles. Aux Etats-Unis, tout d'abord, où le 10 ans se négocie sur une base de 2.49%. Ce mouvement se réplique en Allemagne, pays qui subit une récession industrielle. Le Bund repasse ainsi symboliquement sous « zéro ». L'OAT française profite de cette euphorie sur les achats d'obligations étatiques pour se traiter sur une base de 0.32%. Il en est de même pour la référence espagnole (1%).
A contrario, en Italie (+8 points de base à 2.51%) et au Royaume-Uni (+5 points de base à 1.13%), les investisseurs deviennent plus exigeants sur le rendement de la dette.

Hors zone euro, la Suisse (-0.33%) et le Japon (-0.06%) bénéficient de conditions d'endettement exceptionnelles, confirmées par la solidité de leur monnaie.
Marché des changes

Malgré le report du Brexit pour 6 mois, la livre sterling reste cadrée dans des zones de variations étroites, en se négociant à 146 JPY et 1.31 USD. L'euro reprend des couleurs face au yen (+200 points de base à 126.2 JPY), face au franc suisse (1.13 CHF) et contre le dollar à 1.1290 USD.
Le billet vert gagne un peu de terrain sur la monnaie japonaise à 111.8 JPY mais se replie face à l'euro. La monnaie unique profite momentanément de la décision européenne du report avec le Royaume-Uni (1.132 USD).
De manière plus exotique, le dollar australien, très dépendant de la conjoncture chinoise, perce une résistance graphique sur le yen à 79.72 JPY alors que la roupie indienne subit la baisse des taux de la banque centrale nationale (-100 points de base face au dollar à 69.30 INR).
Statistiques économiques

En zone euro, l'indice Sentix de confiance des consommateurs s'est redressé au mois d'avril (-0.3% contre -2.2% en mars). La production industrielle a reculé moins que prévu en février à -0.2% (consensus -0.5%). Mercredi, la BCE a décidé de laisser inchangé le niveau de ses taux d'intérêt directeurs, à 0.00% pour le taux refi, 0.25% pour la facilité de prêt marginal et -0.40% pour la rémunération des dépôts.
La semaine prochaine, nous prendrons connaissance de l'indice ZEW du sentiment économique allemand, des prix à la consommation et des indices flash PMI manufacturiers et services.

Cette semaine aux Etats-Unis, l'indice des prix à la consommation a augmenté (mais pas la version "core"), tout comme les prix à la production. Les commandes à l'industrie ressortent comme attendu, en repli de 0.5%. Les stocks de pétrole s'établissent à 7 millions de barils (consensus 2.6M) et les inscriptions au chômage redescendent au plus bas depuis 1969 (voir graphique).
La Fed publiera son Beige Book mercredi prochain. Avant ça, les investisseurs prendront connaissance de l'indice manufacturier de la Fed de New York et de la production industrielle. Puis, seront dévoilés, les stocks hebdomadaires de pétrole brut, les ventes au détail, l'indice PhillyFed, les inscriptions hebdomadaires au chômage, et pour finir les permis de construire.

Evolution des inscriptions hebdomadaires au chômage US

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Retour sur des points bas de 50 ans
Parcours exceptionnel mais attentes exceptionnelles

Sur les marchés actions, le trend ascensionnel reste bien ancré. Aucun mouvement correctif, pas de choc de volatilité, le scénario profite intensément aux acheteurs. Le trou d'air subi au quatrième trimestre 2018 (-18% sur le CAC40) vient d'être effacé par un rebond de 20% des actions parisiennes. Cette configuration de rattrapage se vérifie sur l'ensemble des indices. La révision baissière de la croissance mondiale par le FMI, à 3.3% pour 2019, devrait laisser place à une phase de ré-accélération à +3.6% pour 2020, ceci expliquant en partie la bonne tenue des indices.
Cette dernière trouve ses piliers sur de fortes espérances (accord commercial symbolique, Brexit souple, conditions monétaires complaisantes). Néanmoins, les composantes de ce mouvement exceptionnel se définissent aussi bien dans des convictions plus ou moins fortes que par une structure de marché auto-réalisatrice, où la hausse appelle la hausse, de par l'obligation des gérants d'être investis au fil des franchissements de seuils graphiques.

La moindre déception sur les attentes pourrait néanmoins constituer un prétexte à la consolidation et à une recrudescence de la volatilité. La phase temporelle qui s'ouvre, s'annonce, par conséquent, indécise mais passionnante.