ADDIS ABEBA (Reuters) - Le gouvernement éthiopien a décidé vendredi de libérer plusieurs figures de l'opposition et dit vouloir engager un dialogue avec ses adversaires politiques, après 14 mois de conflit avec le Tigré et des milliers d'arrestations.

Cette initiative annoncée par la chaîne publique éthiopienne concerne des opposants issus de plusieurs groupes ethniques parmi lesquels des dirigeants tigréens.

Deux chefs de file de l'opposition originaires de la région d'Oromia, d'où vient le Premier ministre Abiy Ahmed, vont être libérés, a-t-elle rapporté : Bekele Gerba, cadre dirigeant du Congrès fédéraliste Oromo, et Jawar Mohammed, fondateur de la chaîne d'information Oromiya Media Network.

Les deux hommes avaient été inculpés en septembre 2020 pour "terrorisme" à la suite d'émeutes à Addis-Abeba provoquées par le meurtre du chanteur éthiopien Haacaaluu Hundeessaa, de l'ethnie Oromo, le 29 juin 2020.

Une autre figure de l'opposition, Eskinder Nega, journaliste de renom, issu de l'ethnie Amhara, a également été libéré, a annoncé son parti Balderas sur Twitter. Il avait été lui aussi inculpé pour terrorisme après les émeutes de juin 2020.

En août dernier, l'Armée de libération Oromo, le groupe armée le plus actif dans la région, a annoncé s'être allié avec les forces du Front de libération du peuple du Tigré (TPLF), qui a dominé la scène politique éthiopienne pendant trois décennies avant l'accession au pouvoir d'Abiy Ahmed en 2018.

Les forces du TPLF se sont emparées de bases militaires au Tigré, dans le nord de l'Ethiopie, en novembre 2020, point de départ d'une guerre sanglante avec les forces gouvernementales et ses milices alliées.

Selon la chaîne publique éthiopienne, l'ancien président du Tigré Abay Weldu et le fondateur du TPLF Sebhat Nega figurent également parmi les personnes libérées.

Getachew Reda, porte-parole du TPLF, n'a pu être contacté dans l'immédiat pour un commentaire.

(Reportage bureau d'Addis-Abeba, rédigé par Duncan Miriri, version française Sophie Louet, édité par Tangi Salaün)