par Takaya Yamaguchi et Leika Kihara

TOKYO, 11 février (Reuters) - Le gouvernement japonais a décidé de reconduire Haruhiko Kuroda à son poste de gouverneur de la Banque du Japon (BoJ) pour un rare second mandat qui doit être interprété comme un signe de continuité de la politique monétaire ultra-accommodante mise en place sous sa direction, a déclaré samedi une source au fait du dossier, confirmant des informations de la presse japonaise.

La reconduction de l'ex-haut fonctionnaire du ministère des Finances à l'issue de son premier mandat de cinq ans, qui prend fin le 8 avril, était largement attendue par les marchés et devrait apaiser les craintes d'une normalisation plus rapide que prévu de la politique monétaire des grandes banques centrales.

Selon la source, elle sera proposée au Parlement avant la fin du mois. Son approbation par les deux chambres de la Diète s'annonce comme une formalité puisque la coalition du Premier ministre Shinzo Abe y détient une majorité confortable.

On ignore en revanche qui remplacera les deux vice-gouverneurs Kikuo Iwata et Hiroshi Nakaso, dont le mandat se termine le 19 mars. Selon la presse japonaise, Nakaso pourrait être remplacé par Masayoshi Amamiya, directeur exécutif de la BoJ, tandis qu'Etsuro Honda, ancien conseiller de Shinzo Abe et actuel ambassadeur du Japon en Suisse, tiendrait la corde pour l'autre poste de vice-président.

Le premier est réputé avoir conçu les mesures de soutien monétaire les plus ingénieuses de la BoJ et est par ailleurs un bon communicant ; le second était l'un des artisans du plan de Shinzo Abe pour relancer la troisième économie mondiale.

Le Premier ministre a maintes fois exprimé sa "totale confiance" dans la politique de Haruhiko Kuroda, qui entend maintenir le robinet monétaire grand ouvert tant que l'inflation ne repartira pas.

"Un cycle économique vertueux commence. J'espère que la BoJ continuera de mener son audacieuse politique d'assouplissement monétaire pour parvenir à son objectif de 2% d'inflation", a encore déclaré Shinzo Abe au Parlement lundi dernier.

Avec cette reconduction attendue, Kuroda, 73 ans, sera le gouverneur de la BoJ ayant eu le bail le plus long de ces 54 dernières années. S'il va au bout de son deuxième mandat de cinq ans, il établira un record de longévité à ce poste au Japon.

Kuroda avait été nommé par Abe en 2013 avec pour mission de déployer une des "trois flèches" du programme économique du nouveau Premier ministre - en substance un assouplissement monétaire agressif afin de sortir le pays d'une déflation rampante.

Trois années d'achats d'actifs dans le cadre d'une politique dite d'"assouplissement quantitatif et qualitatif" (QQE) n'ont toutefois pas réussi à faire repartir l'inflation, ce qui a poussé la BoJ à changer de stratégie en 2016 pour mettre l'accent sur les taux d'intérêt bas.

"Beaucoup de questions demeurent quant à l'évolution de cette politique et il ne faut pas oublier que Kuroda a pu surprendre les marchés par le passé. Mais pour l'heure sa reconduction suggère une continuité de la politique monétaire au moins pour cette année", commente Chris Scicluna, en charge de la recherche économique à Daiwa Capital Markets à Londres. (avec les contributions de Chang-Ran Kim, Dhara Ranasinghe et Marc Johns à Londres, Véronique Tison pour le service français)