par Lucia Mutikani

Le produit intérieur brut (PIB) américain a progressé de 3,2% en rythme annualisé contre 2,6% au troisième trimestre, selon les chiffres publiés vendredi en première estimation par le département du Commerce.

Ce chiffre est toutefois inférieur aux prévisions des analystes et économistes interrogés par Reuters qui tablaient en moyenne sur un PIB en hausse de 3,5%.

Sur l'ensemble de l'année 2010, la croissance a été de 2,9%, soit la meilleure performance depuis 2005, après une contraction de 2,6% en 2009.

"L'estimation de 3,2% de croissance annualisée est certes ressortie en-dessous des attentes, mais la déception est seulement due au ralentissement important de la croissance des stocks", commente David Sloan, économiste chez IFR Economics.

Les dépenses de consommation, qui comptent pour plus des deux tiers de l'activité économique du pays, ont progressé de 4,4%, soit le rythme le plus élevé depuis le premier trimestre 2006.

"Le retrait des mesures temporaires pour soutenir la demande intérieure est en cours. C'est pourquoi nous avons besoin d'une croissance auto-entretenue", souligne Harm Bandholz, économiste en chef chez UniCredit Research à New York.

Les dépenses de consommation ont ajouté 3,04 points de pourcentage à la croissance du quatrième trimestre, également sa plus forte contribution depuis plus de quatre ans.

La progression du PIB a également été soutenue par le rebond des exportations qui a permis de réduire le déficit de la balance commerciale. Le commerce extérieur a ajouté 3,44 points de pourcentage à la croissance, apportant ainsi sa première contribution depuis un an.

LES STOCKS PÈSENT

Ces bonnes performances ont permis de compenser le coup de frein des stocks des entreprises qui n'ont augmenté que de 7,2 milliards de dollars après une hausse de 121,4 milliards au troisième trimestre.

Les stocks, qui ont été le principal facteur de croissance depuis le début de la reprise au second semestre 2009, ont pesé sur le PIB pour la première fois depuis le deuxième trimestre 2009.

"Quand vous obtenez ce niveau de ventes sans croissance des stocks, c'est qu'il reste encore de la place pour une croissance de la production", observe de son côté Richard Dekaser, économiste chez Parthenon Group.

Hors effet de stocks, la croissance américaine au quatrième trimestre ressort à 7,1% après une hausse de 0,4% lors du trimestre précédent.

L'investissement des entreprises a augmenté de 4,4%, soutenu par les dépenses dans les équipements et les logiciels qui ont enregistré un septième trimestre consécutif de croissance, malgré un ralentissement de leur rythme à 5,8% contre 15,4% lors des trois mois précédents.

Bien qu'elles aient hésité à embaucher, les entreprises ont utilisé leurs importantes réserves de trésorerie pour acheter des nouveaux équipements et améliorer leur technologie.

L'investissement immobilier a, contre toute attente, également soutenu la croissance sur la période. La construction de logements a augmenté de 3,4% tandis que les structures non résidentielles ont progressé de 0,8%, soit la première hausse depuis le deuxième trimestre 2008.

Les dépenses de l'Etat ont diminué, la baisse étant principalement due aux administrations locales et fédérales.

La statistique du PIB montre également une hausse de l'indice des prix à la consommation, conséquence de la récente hausse des prix du carburant et de la nourriture. L'indice PCE global des prix ressort en hausse de 1,8% après 0,8% au troisième trimestre.

Mais l'indice PCE des prix de base, qui exclut le coût de la nourriture et de l'énergie, a enregistré une faiblesse record de sa progression, à 0,4%, après une hausse de 0,5% au trimestre précédent, alimentant les inquiétudes de la Fed concernant la faiblesse de l'inflation sous-jacente.

Florent Le Quintrec pour le service français, édité par Gwénaelle Barzic