* L'Iran touché par des sanctions US et UE

* L'UE s'est entendue sur un embargo pétrolier

* Propositions de reprises des pourparlers P5+1 (Actualisé avec proposition de reprise des pourparlers à partir du §13)

par Robin Pomeroy

TEHERAN, 5 janvier (Reuters) - La Chine et le Japon vont réduire leurs importations de pétrole iranien du fait des sanctions internationales, qui semblent porter peu à peu leurs fruits, a-t-on appris jeudi de sources industrielles.

La veille, les Etats membres de l'Union européenne s'étaient entendus sur le principe d'un embargo contre le pétrole iranien. (voir )

La Chine, premier partenaire commercial de Téhéran, a déjà renoncé à plus de la moitié de ses achats de brut en janvier et continuera à les réduire en février, selon un négociant de Pékin impliqué dans les échanges avec la République islamique.

Le Japon va quant à lui envisager une limitation de ses commandes pour se conformer aux sanctions américaines promulguées le 31 décembre par Barack Obama, qui visent les institutions financières impliquées dans des transactions avec la Banque centrale d'Iran. ( )

Au total, la Chine, le Japon et l'Union européenne absorbent la moitié des exportations de pétrole iranien, qui représentent 2,6 millions de barils par jour. (

Jusqu'ici sans effet notoire, les sanctions internationales infligées depuis des années à Téhéran pour condamner la poursuite de ses activités nucléaires sensibles commenceraient donc à avoir de véritables conséquences sur son économie.

Le cours du rial s'est effondré et les épargnants affluent dans les banques pour convertir leurs économies en dollars.

TÉHÉRAN AFFICHE SA SÉRÉNITÉ

Selon de nombreux négociants, la République islamique devrait être en mesure de trouver de nouveaux acheteurs mais devra sacrifier les prix, ce qui pèsera lourd sur les revenus en devises nécessaires aux importations de biens alimentaires et de première nécessité pour ses 74 millions d'âmes.

"L'Iran, avec l'aide divine, a toujours été prêt à contrer pareils actes hostiles et nous ne sommes pas du tout inquiets de ces sanctions", a assuré jeudi le ministre iranien des Affaires étrangères, Ali Akbar Salehi, lors d'une conférence de presse.

"De même que nous avons survécu à la tempête au cours des 32 dernières années grâce à l'aide de Dieu et aux efforts que nous avons produits, nous serons en mesure de survivre à cela", a-t-il ajouté en prenant pour référence la révolution islamique de 1979.

Les premières difficultés financières surviennent à deux mois des élections législatives, premier scrutin depuis la réélection contestée du président Mahmoud Ahmadinejad en 2009, qui avait donné lieu à de vastes manifestations.

Elles furent durement réprimées mais le "printemps arabe" a depuis démontré la fragilité des régimes autoritaires lorsque la contestation est alimentée par une crise économique.

Malgré les menaces proférées de part et d'autre, les pays occidentaux et l'Iran se disent prêts à une reprise des pourparlers sur le programme nucléaire iranien.

En visite à Téhéran, le ministre turc des Affaires étrangères a transmis aux Iraniens une proposition occidentale de relance des négociations.

Ali Akbar Salehi a assuré que l'Iran était disposé à reprendre ces discussions avec les cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l'Onu plus l'Allemagne (P5+1).

S'exprimant au cours d'une conférence de presse conjointe avec son homologue iranien, le ministre turc Ahmet Davutoglu a déclaré qu'Ali Akbar Salehi avait "réagi à l'identique" à "la volonté exprimée par l'Occident de reprendre les négociations" dont il s'est fait le messager.

AHMADINEJAD APPELLE MEDVEDEV

"Nous attendons un résultat positif de la volonté manifestée par les deux parties de revenir à la table des négociations", a dit Ahmet Davutoglu, selon la traduction en anglais de ses propos par la télévision iranienne.

"En ce qui concerne les négociations sur le programme d'énergie nucléaire pacifique de l'Iran, nous espérons obtenir de bons résultats et que l'environnement défavorable qui a vu le jour disparaîtra."

Ali Akbar Salehi a confirmé que l'Iran était disposé à reprendre des négociations en un lieu et selon un calendrier décidés par les deux parties. Il a ajouté que Catherine Ashton, haute représentante de la diplomatie de l'Union européenne, avait suggéré la Turquie et qu'Ankara avait accepté.

"Personnellement, je pense que la Turquie est le meilleur endroit pour organiser ces discussions", a-t-il dit.

Les précédentes négociations de ce type avaient déjà eu lieu en Turquie mais s'étaient soldées par un échec.

Les Etats-Unis et leurs alliés européens soupçonnent l'Iran de chercher à se doter d'un arsenal nucléaire et lui ont à ce titre imposé plusieurs trains de sanctions.

La République islamique assure que son programme nucléaire vise uniquement à produire de l'électricité.

Signe supplémentaire de la volonté affichée par l'Iran de reprendre des discussions, Mahmoud Ahmadinejad s'est entretenu jeudi par téléphone avec le président russe Dmitri Medvedev à l'initiative de Téhéran, a annoncé le Kremlin.

Selon la présidence russe, Dmitri Medvedev a exprimé sa satisfaction de voir Mahmoud Ahmadinejad "juger positivement" l'approche "graduelle" défendue par la Russie pour dissiper les craintes sur la nature du programme nucléaire iranien.

A l'Onu, la Russie a soutenu dans les années 2000 quatre trains de sanctions contre l'Iran. Elle s'oppose désormais à de nouvelles mesures et elle critique le renforcement de leurs propres sanctions décidé par les Etats-Unis et l'Union européenne. (Jean-Philippe Lefief et Bertrand Boucey pour le service français)