CARACAS, 8 avril (Reuters) - L'opposant vénézuélien Henrique Capriles a annoncé vendredi avoir été interdit de toute activité politique pendant quinze ans, une mesure susceptible de galvaniser les manifestants contre le gouvernement socialiste de Nicolas Maduro.

Deux fois candidat à l'élection présidentielle, Capriles était vu comme le candidat de choix de l'opposition pour vaincre le président Maduro à la prochaine élection présidentielle prévue en décembre 2018.

Le bureau du contrôleur public a eu recours, pour l'exclure, à une procédure connue sous le nom d'"inhabilitation" qui bannit les responsables politiques de toute fonction publique lorsqu'ils ont été jugés coupables d'avoir commis des "irrégularités" dans la gestion des fonds publics.

L'instance l'accuse d'avoir contrevenu à des lois sur les contrats et d'avoir géré de manière inappropriée des donations à l'ambassade britannique et polonaise au Venezuela, selon une copie du document consultée par Reuters.

Le gouvernement estime que cette mesure permet de lutter contre la corruption. L'opposition dénonce un mécanisme arbitraire qui permet au pouvoir socialiste d'écarter ses adversaires sans recourir à la justice.

Henrique Capriles a répondu à sa suspension devant ses partisans réunis dans un petit stade de Caracas, dénonçant une mesure désespérée d'une dictature sur le déclin.

Entouré des chefs de file de l'opposition, il a rejeté l'interdiction dans un juron avant d'ajouter : "Ce n'est pas le combat d'une seule personne, ce n'est pas le combat de Capriles. C'est le combat du peuple vénézuélien".

La décision est susceptible de nourrir la colère des manifestants, qui ont prévu de se rassembler samedi dans le sillage des manifestations déclenchées par la décision de la Cour Suprême, qui a tenté d'assumer les pouvoirs de l'Assemblée nationale avant d'y renoncer finalement la semaine dernière.

Au cours des derniers jours, Henrique Capriles a également été accusé d'incitation à la violence sur fond de manifestations contre le président Nicolas Maduro. Un jeune homme est mort jeudi dans des violences en marge des manifestations.

Le bureau du contrôleur public a fait savoir à Capriles qu'il disposait de 15 jours ouvrés pour faire appel de la décision auprès du même bureau, et de 180 jours pour demander son annulation auprès de la Cour suprême. Les deux instances sont favorables au gouvernement, ce qui rend peu probable un nouveau verdict.

Interrogées sur les donations mentionnées par le bureau, l'ambassade britannique n'a pas voulu faire de commentaire, tandis que l'ambassade de Pologne n'était pas joignable dans l'immédiat.

(Alexandra Ulmer, Brian Ellsworth; Jean-Stéphane Brosse et Julie Carriat pour le service français)