Le retour des craintes liées aux tensions géopolitiques dans la péninsule coréenne a favorisé un mouvement général de repli sur les valeurs refuges, bénéficiant en premier lieu au yen, au franc suisse et à l'or.

À Paris, le CAC 40 a terminé en baisse de 0,94% (47,83 points) à 5.031,92 points, après être tombé en matinée sous 5.000 points pour la première fois depuis le 20 avril. Le Footsie britannique a perdu 0,87% et le Dax allemand 1,46%. L'indice EuroStoxx 50 a cédé 0,96%, le FTSEurofirst 300 0,94% et le Stoxx 600 1,04%.

Au moment de la clôture européenne, Wall Street évoluait toutefois nettement au-dessus de son niveau d'ouverture: le Dow Jones, qui perdait plus de 100 dans les tout premiers échanges, était revenu à l'équilibre, tout comme le Nasdaq.

Le Conseil de sécurité des Nations unies devait se réunir mardi en urgence après le tir nord-coréen, à la suite duquel le président américain, Donald Trump, a affirmé que "toutes les options sont sur la table".

"Notre interprétation des risques varie au gré des réactions de Trump", explique Art Hogan, responsable de la stratégie de Wunderlich Securities. "L'administration ayant opté pour une réponse plus mesurée, plutôt que pour les propos sur 'le feu et la fureur' entendus auparavant, l'effet sur le marché est moins important."

Ce nouvel accès de tension favorise néanmoins l'or, qui a atteint en début de journée son plus haut niveau depuis novembre à plus de 1.320 dollars l'once, le yen, qui prend près de 0,4% face au dollar, ou les emprunts d'Etat (le rendement des bons du Trésor américain à dix ans est revenu sous 2,1% pour la première fois depuis novembre).

L'EURO À PLUS DE 1,20 DOLLAR

Le dollar, lui, ne profite guère de ce mouvement, cédant 0,3% face à un panier de devises de référence, ce que des cambistes expliquent par la dégradation de son propre statut de valeur refuge en raison des incertitudes sur la présidence Trump et l'évolution de la situation budgétaire aux Etats-Unis.

L'indice de volatilité de l'EuroStoxx 50 affiche sur la journée une hausse de près de 1,5 point, soit plus de 9% et à Wall Street, celui du CBOE, surnommé "l'indice de la peur", prend près d'un point.

Autre facteur défavorable aux valeurs européennes: la hausse de l'euro, qui a touché, à 1,2069 dollar selon les données Reuters, son plus haut niveau depuis le début du mois de janvier 2015, avant de réduire légèrement ses gains.

Cette hausse de la monnaie unique a été favorisée par le discours prononcé vendredi lors de la conférence économique de Jackson Hole, aux Etats-Unis, par Mario Draghi, le président de la Banque centrale européenne (BCE): l'absence de toute référence aux risques liées à la vigueur de l'euro a été inteprété comme un signal haussier.

Les économistes de Société générale estiment toutefois que "la hausse, aux niveaux actuels, sera plus laborieuse", considérant le niveau de 1,2043/67 comme un obstacle clé à court terme.

Sur les marchés actions européens, la baisse n'a épargné aucun secteur mais elle a touché particulièrement celui des médias, pénalisé, au-delà de la tendance générale, par l'avertissement lancé par le groupe allemand de télévision ProSiebenSat.1 (-14,53%), plus forte baisse du Stoxx 600.

Ce dernier a entraîné dans sa chute les principaux acteurs européens du secteur comme Mediaset (-7%), TF1 (-7,13%) ou M6 (-8%).

Sur le marché pétrolier, les cours du brut restent orientés à la baisse en dépit de la baisse de la production américaine liée à la tempête Harvey. Le niveau record des stocks de pétrole et de produits raffinés va limiter les risques de pénurie liés à la tempête, a déclaré à Reuters un responsable de l'Agence internationale de l'Energie (AIE).

Le brut léger américain (West Texas Intermediate, WTI), cède 1,52% à 45,86 dollars le baril et le Brent 0,44% à 51,66 dollars.

(Marc Angrand, avec Sruthi Shankar et Tanya Agrawal à Bangalore, édité par Véronique Tison)