* Le Conseil de sécurité donne son feu vert

* La date du déploiement pas précisée

* La présidente centrafricaine veut une force onusienne

par Michelle Nichols

NATIONS UNIES, 28 janvier (Reuters) - Le Conseil de sécurité des Nations unies a approuvé mardi à l'unanimité l'envoi de soldats de l'Union européenne en République centrafricaine où les violences font craindre un génocide.

Cette force, qui pourrait comprendre 500 hommes selon les chiffres données la semaine dernière par l'UE, viendra appuyer les 1.600 militaires français de l'opération Sangaris et les 5.000 soldats de la Mission internationale de soutien à la Centrafrique sous conduite africaine (Misca), qui ne parviennent pas à rétablir le calme.

Depuis l'arrivée au pouvoir en mars 2013 des rebelles musulmans de la Séléka, et les combats qui en on résulté avec les milices chrétiennes anti-balaka, près d'un million de personnes, soit un quart de la population centrafricaine, ont été déplacées. Le nombre de tués est estimé à 2.000.

Les Nations unies ont dit craindre un génocide.

L'ambassadeur de France auprès des Nations unies, Gérard Araud, a précisé que les groupes de l'UE prendraient le relais des forces françaises pour la protection des quelque 100.000 personnes qui se sont réfugiées à l'aéroport de Bangui, la capitale centrafricaine.

La nationalité des soldats envoyés n'a pas été précisée, ni la date de leur arrivée. Dans sa résolution 2134, le Conseil autorise l'opération pour une durée de six mois.

"L'Union européenne protégera ces gens et elle permettra aux forces françaises de se déployer de façon plus importante dans la ville de Bangui (...) et au-delà de Bangui dans le reste du pays", a déclaré Gérard Araud à la presse après la réunion du Conseil de sécurité.

Il a souligné la difficulté de l'opération compte tenu "du ressentiment et de la haine incroyables entre les deux communautés".

Le secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon remettra un rapport le mois prochain au Conseil de sécurité sur l'envoi d'une force des Nations unies dans un délai de six mois.

SITUATION TRÈS GRAVE

Gérard Araud a estimé qu'une opération onusienne de maintien de la paix était nécessaire mais qu'il fallait en discuter avec l'Union africaine, sans le soutien de laquelle une telle opération ne sera pas possible.

"Le plafond de 6.000 soldats de l'Union africaine est considéré comme trop bas parce que, franchement, la situation est très, très grave et que le pays est immense. Aussi, le secrétariat (des Nations unies) estime qu'au moins 10.000 soldats sont nécessaires", a déclaré l'ambassadeur.

Il a ajouté qu'une transformation de la Misca en opération onusienne permettrait d'apporter des financements et d'aider à remettre en place les institutions de RCA, qui n'existent pratiquement plus.

La présidente centrafricaine par intérim, Catherine Samba-Panza, élue la semaine dernière, s'est engagée à ouvrir des négociations avec les groupes armés et à organiser des élections, qui devront avoir lieu, dit le Conseil de sécurité dans la résolution 2134 votée mardi, "au plus tard en février 2015 et, si possible, dans le courant du deuxième semestre de 2014".

La présidente souhaite aussi le déploiement d'une force internationale. Elle a dit mardi sur les ondes de RTL qu'elle allait demander une opération de maintien de la paix aux Nations unies. "La lettre a déjà été faite", a-t-elle précisé.

"Malgré la présence des éléments de la Sangaris et de la Misca, les exactions continuent à l'intérieur et à l'extérieur de Bangui", a déclaré Catherine Samba-Panza. "Cela veut dire que ces troupes-là n'ont pas suffisamment d'hommes pour rétablir et assurer la sécurité des populations", a-t-elle ajouté.

Le Conseil de sécurité a également décidé mardi de proroger le mandat du Bureau intégré des Nations Unies en République centrafricaine (Binuca) jusqu'au 31 janvier 2015 et de renforcer ce mandat pour aider les autorités de transition "à rétablir l'autorité de l'Etat sur l'ensemble du territoire centrafricain". (Danielle Rouquié pour le service français, édité par Jean-Philippe Lefief)