PARIS (Reuters) - Les Bourses européennes ont terminé dans le rouge vendredi, plombées par les valeurs bancaires après l'annonce par la Réserve fédérale américaine d'une mesure réglementaire qui risque de pénaliser les grands acteurs américains du secteur.

À Paris, le CAC 40 a perdu 1,07% (64,83 points) à 5.997,96 points. A Londres, le FTSE 100 a reculé de 0,87% et à Francfort, le Dax a abandonné 1,05%.

L'indice EuroStoxx 50 a fini sur une baisse de 0,79%, le FTSEurofirst 300 de 0,66% et le Stoxx 600 de 0,76%.

Au moment de la clôture en Europe, Wall Street évoluait une nouvelle fois en ordre dispersé: le Dow Jones cédait 0,5% tandis que le Standard & Poor's 500 gagnait 0,2% et que le Nasdaq Composite reprenait 0,7% au lendemain d'une chute de 3,02%.

Prenant à contre-pied la majorité des investisseurs et des analystes, la Fed a annoncé qu'elle ne prolongerait pas l'exemption accordée aux banques l'an dernier sur le "ratio de levier supplémentaire" (supplementary leverage ratio, SLR), qui expirera donc à la fin du mois, ce qui pourrait obliger les banques à augmenter leurs réserves de fonds propres voire à réduire leur exposition au marché des bons du Trésor.

La Fed prévoit cependant de réévaluer le calibrage de ce dispositif, ce qui pourrait atténuer à terme la portée de sa décision.

En Europe, ce facteur inattendu est venu s'ajouter aux dernières nouvelles peu réjouissantes sur le front sanitaire, avec le reconfinement partiel de la France et le ralentissement en avril de la campagne de vaccination au Royaume-Uni.

Sur l'ensemble de la semaine, l'indice Stoxx 600 a grappillé 0,06% mais le CAC 40 a abandonné 0,8%.

VALEURS

La baisse des valeurs bancaires américaines (leur indice de référence perdait 1% en matinée) a pénalisé le secteur en Europe: son indice Stoxx a cédé 2,27%, Deutsche Bank 3,79%, BNP Paribas 3,29% et UniCredit 3,42%.

Le compartiment des matières premières (-2,02%) a souffert parallèlement de l'appréciation du dollar et celui de l'automobile (-1,61%)a subi des prises de bénéfice après un bond de 7% sur les quatre séances précédentes.

Le reconfinement partiel en France, qui touche un tiers environ de la population, a pesé sur les valeurs appelées à souffrir de la diminution des déplacements et de la fermeture des commerces classés comme non-essentiels: Air France-KLM a abandonné 3,04%, Fnac Darty 1,67% et l'exploitant de centres commerciaux Unibail-Rodamco-Westfield 1,48%.

Ailleurs en Europe, Telecom Italia a chuté de 7,37%, victime d'un regain d'incertitude sur le projet de réseau à haut débit commun dans la péninsule.

CHANGES

Le dollar profite de la décision de la Fed, qui assure aux yeux des cambistes un soutien supplémentaire aux rendements obligataires américains: l'indice qui mesure ses fluctuations face à un panier de référence progresse de 0,1% et porte à près de 0,3% sa hausse hebdomadaire.

L'euro, lui, oscille autour de 1,19 dollar.

Le yen est en très légère hausse après la décision de la Banque du Japon d'élargir la fourchette de fluctuation de son rendement de référence.

TAUX

Les marchés obligataires ont eux aussi réagi à l'annonce de la Fed, avec une nouvelle poussée à la hausse des rendements, qui ont brièvement retrouvé leurs niveaux de jeudi.

Celui des bons du Trésor américain à dix ans est ainsi remonté à 1,75% avant de se stabiliser autour de 1,7% à l'approche de la mi-séance à Wall Street.

Son équivalent allemand, référence pour la zone euro, a fini à -0,292%, en baisse d'un peu plus de deux points de base sur la journée, après un pic à -0,278%.

PÉTROLE

Le marché pétrolier confirme son rebond après une chute de près de 8% sur les quatre séances précédentes.

Le Brent gagne 1,66% à 64,33 dollars le baril et le brut léger américain (West Texas Intermediate, WTI) prend 1,87% à 61,12 dollars.

Goldman Sachs estime que la faiblesse de la demande en Europe liée à la crise sanitaire devrait freiner le rééquilibrage du marché au deuxième trimestre mais voit dans la baisse des derniers jours une opportunité d'achat, en tablant sur un Brent à 80 dollars cet été.

(Marc Angrand, édité par Jean-Michel Bélot)